/  30 juin 2022

Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Juin 2022

Contexte économique

Au premier trimestre, l’incertitude liée au conflit en Ukraine avait dicté la direction des marchés financiers. Au deuxième trimestre, il est devenu de plus en plus clair que ce conflit serait de longue durée et qu’il aurait des effets durables sur l’économie mondiale.

Ainsi, la guerre en Ukraine a causé une forte hausse des prix des matières premières. Le risque d’interruption des importations européennes de pétrole et de gaz naturel en provenance de Russie a fait exploser le coût de l’énergie. Puis, on a réalisé l’importance des deux pays en cause dans l’exportation de céréales et de divers engrais. Les prix des céréales et des aliments ont donc substantiellement augmenté. Certains pays africains extrêmement dépendants des céréales russes et ukrainiennes ont même tiré sur la sonnette d’alarme, craignant une crise alimentaire.

Le niveau des prix a donc bondi à l’échelle mondiale. Au Canada, le taux annuel d’inflation est passé de 4,8 % à 7,7 % au cours des six premiers mois de 2022. Aux États-Unis, le taux d’inflation a touché 8,6 %, soit le plus haut niveau depuis le début des années 1980. En conséquence, les banques centrales à travers le monde ont accéléré le rythme des hausses de leur taux directeur et cessé les autres mesures de stimulation monétaires.

Après une légère contraction de l’économie américaine au premier trimestre, la croissance semble avoir repris au deuxième trimestre. La vigueur des dépenses de consommation, particulièrement du côté des services, a contribué à un certain rebond de la croissance. La forte hausse du prix de l’essence affecte toutefois la confiance des consommateurs et la situation des ménages demeure fragile.

L’économie canadienne a connu un bien meilleur sort. Les dépenses des ménages et les investissements des entreprises soutiennent la croissance. Malgré les hausses des taux, le marché du logement se maintient, du moins pour l’instant.

En Amérique du Nord, la croissance économique s’est aussi manifestée par la création d’emplois. En effet, le marché de l’emploi a continué de progresser, en dépit de la rareté de main-d’œuvre. Aux États-Unis, le taux de chômage a atteint 3,6 %, ce qui frôle le creux historique de 3,5 %. Au Canada, le taux de chômage a atteint 5,1 %. Il s’agit du plus bas niveau jamais atteint au pays depuis que ces données sont publiées. La difficulté pour les employeurs à recruter et à retenir les employés les a incités à hausser les salaires. Le phénomène de rareté de main-d’œuvre alimente donc l’inflation.

Au cours des derniers mois, la levée de plusieurs mesures visant à prévenir la pandémie de COVID-19 a contribué à la hausse de la consommation de services. L’industrie du tourisme a contribué à la croissance économique des deux côtés de l’Atlantique.

L’économie européenne est fortement affectée par le conflit en Ukraine. La hausse des prix de l’énergie et des aliments a poussé le taux d’inflation à 8,1 % en mai. La confiance des consommateurs n’est pas au beau fixe. Malgré cela, l’économie se montre étonnamment résiliente grâce, entre autres, à la reprise du tourisme après deux années de COVID-19. De plus, des investissements publics et privés visant à améliorer l’indépendance des Européens face aux ressources naturelles russes pourraient assurer une base de croissance économique soutenue pour les prochaines années.

En Chine, l’éclosion de divers foyers de COVID-19 a incité les autorités à restreindre les activités économiques pendant plusieurs semaines dans des villes majeures, comme Shanghai. Ces fermetures ont eu un effet important sur la croissance du PIB au cours du printemps 2022. Elles ont également contribué à perturber davantage les chaînes d’approvisionnement, ce qui stimule la hausse des prix. Notons que la banque centrale et le gouvernement chinois se sont engagés à soutenir l’économie au moyen d’un vaste éventail de mesures.

Politique monétaire et titres à revenu fixe

La forte hausse de l’inflation a incité les banques centrales à travers le monde à réagir fortement pour mater la flambée des prix.

Ainsi, la Banque du Canada a procédé à deux hausses du taux directeur de 0,50 % chacune, en avril et en juin. Ces hausses importantes sont inusitées et reflètent la volonté de la Banque de s’attaquer à l’inflation. Le gouverneur de la Banque, Tiff Macklem, a répété que la Banque « était prête à agir avec plus de force, s’il le faut ». Les dirigeants sont toutefois conscients que « les Canadiens sont plus nombreux à avoir de lourdes dettes hypothécaires », ce qui les rend vulnérables aux hausses de taux d’intérêt.

Au cours du deuxième trimestre, le taux d’une obligation du gouvernement du Canada d’échéance de 10 ans est passé de 2,48 % à plus de 3,35 %. Comme les hausses de taux causent une diminution de la valeur marchande des obligations, les portefeuilles obligataires affichent des rendements trimestriels négatifs.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale (la Fed) a procédé à une hausse de 0,50 % au début de mai. Le 15 juin dernier, elle a surpris les observateurs en ajoutant 0,75 % à son taux directeur. Elle réagissait ainsi à la très forte hausse de l’inflation annoncée quelques jours plus tôt. Malgré les hausses récentes, la politique monétaire américaine demeure toujours accommodante puisqu’on estime que le taux directeur pourrait encore augmenter de 0,75 % avant d’atteindre le taux neutre. Par ailleurs, la Fed diminuera le montant d’obligations gouvernementales qu’elle détient. Rappelons qu’elle avait acquis des sommes importantes d’obligations afin de stimuler la croissance et de maintenir les taux d’intérêt au plus bas.

Compte tenu de la fragilité de la situation géopolitique en Europe, la Banque centrale européenne n’a toujours pas procédé à des hausses du taux directeur. Lors de la rencontre du 9 juin, elle a toutefois annoncé la fin du programme d’achats de titres. De plus, on sait d’ores et déjà que le taux directeur sera haussé de 0,25 % lors de la rencontre du 21 juillet.

Marchés boursiers

Durant le deuxième trimestre, plusieurs facteurs ont alimenté les craintes d’une récession mondiale. Citons notamment le resserrement accéléré des politiques monétaires, la progression importante du taux d’inflation dans plusieurs pays, les risques géopolitiques en Europe et les mesures de confinement imposées dans plusieurs grandes villes chinoises.

En conséquence, la volatilité des marchés est demeurée élevée tout au long du trimestre. Durant cette période de montagnes russes, certains indices boursiers ont accusé des reculs de plus de 20 % par rapport à leur plus récent sommet. Ce fut le cas des indices boursiers américains. Ces derniers ont fortement chuté à la mi-juin, alors que le taux d’inflation a explosé et provoqué la hausse de 0,75 % du taux directeur américain par la Fed. Le contexte a incité plusieurs investisseurs à procéder à des rotations sectorielles des titres « croissance » vers les titres « valeur ».

Le marché boursier canadien s’était bien maintenu au premier trimestre grâce à la hausse du prix du pétrole. Or, le prix du brut a moins augmenté durant le deuxième trimestre. En conséquence, le marché boursier canadien, qui avait surpassé ses pairs en début d’année, a connu un recul trimestriel similaire

à celui du marché américain. La nervosité des investisseurs boursiers les a incités à réduire le risque de leurs portefeuilles. En conséquence, les actions canadiennes de petite capitalisation ont accusé un recul plus important que les grandes capitalisations.

Après un important recul en avril, le marché boursier chinois a repris de la force pour terminer le trimestre en hausse. Il faut dire que l’économie chinoise a été affectée par les périodes de confinement causées par la COVID-19. En conséquence, les autorités ont abaissé le taux directeur et annoncé des mesures sans précédent pour stimuler la croissance économique au cours des prochains mois. Les marchés ont réagi positivement à ces décisions.

À l’horizon

En 2021, on croyait que la hausse des prix était un phénomène transitoire et que l’inflation allait rapidement revenir près de la cible des banques centrales nord-américaines, soit environ 2 %. La réalité est maintenant toute autre : les consommateurs et les investisseurs doivent s’armer pour faire face à un niveau d’inflation sensiblement plus élevé que ce qu’ils ont connu au cours des dernières années.

Nous croyons que les pressions inflationnistes resteront élevées plus longtemps que prévu. Il est fort probable que le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’étire dans le temps. Cela alimente la hausse des prix des matières premières et accroît les perturbations des chaînes d’approvisionnement.

Par ailleurs, l’augmentation des coûts des intrants et des salaires risque d’éroder la rentabilité des entreprises. Les hausses de prix affectent également le pouvoir d’achat des consommateurs et les obligeront à faire des choix, voire diminuer leurs dépenses de consommation. En conséquence, la croissance économique diminuera, sans toutefois tomber en récession.

Dans un tel contexte de forte inflation, les banques centrales continueront à hausser fortement leurs taux d’ici la fin de 2022. Les hausses pourraient être plus modérées par la suite, surtout au Canada, puisque la Banque du Canada s’est dite sensible au taux d’endettement élevé des Canadiens.

Les marchés financiers risquent donc de rester volatils au cours des prochains mois. Le niveau des taux d’intérêt pourrait continuer de grimper, si les indica-teurs d’inflation maintiennent leur tendance au cours des prochains mois. Les taux obligataires actuels intègrent toutefois un scénario assez pessimiste. Nous croyons donc qu’ils sont proches de leur sommet pour ce cycle.

Dans la mesure où la récession est évitée, le contexte pourrait être favorable aux marchés boursiers. Bien que les pressions inflationnistes demeurent présentes, le taux annuel d’inflation devrait baisser progressivement à partir de la deuxième moitié de 2022. Cela pourrait causer un rebond des marchés. Le contexte sera particulièrement favorable au marché boursier canadien et à ceux des pays émergents.

Quoi qu’il advienne, le contexte actuel demeure peu favorable aux obligations. La poursuite des hausses du taux directeur et la persistance des pressions inflationnistes devraient affecter l’ensemble des obligations, quelle que soit leur échéance.

Par ailleurs, la volatilité devrait demeurer élevée sur les marchés boursiers américains et européens. En contrepartie, le marché boursier canadien devrait bénéficier du contexte de reflation qui prévaut depuis quelques mois. La demande pour les matières premières demeure forte et l’offre limitée. Cela est particulièrement vrai pour le pétrole. Ce contexte est donc favorable aux entreprises du secteur énergétique canadien.

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