/  30 juin 2019

Étude de cas : de résident à médecin en pratique

Justine termine sa résidence en décembre et envisage de commencer sa pratique d’omnipraticienne dans une autre ville en janvier 2020. Elle ne possède pas d’actifs et a accumulé, durant ses études, une dette de 65 000 $ : 50 000 $ sur une marge de crédit au taux d’intérêt de 3,7 % ainsi qu’un prêt étudiant de 15 000 $ au même taux. Justine souhaite savoir comment répartir ses futurs surplus budgétaires : doit-elle se concentrer sur le remboursement de ses dettes ou plutôt sur l’épargne ?

Budget

Puisque son train de vie augmentera en fonction de sa nouvelle réalité, il est important pour Justine de faire un budget et d’y inclure toutes ses futures dépenses :

  • Logement : loyer, électricité, chauffage, assurance habitation, téléphone, câble, Internet, ameublement ;
  • Alimentation : épicerie, restaurants, repas du midi, café, etc. ;
  • Habillement et soins personnels : vêtements, chaussures, cosmétiques, coiffure, etc. ;
  • Transport : paiement du véhicule (achat ou location), assurance, essence, entretien, immatriculation, stationnement, etc. ;
  • Assurances et soins de santé : assurance vie, médicaments et soins dentaires, assurance salaire en cas d’invalidité ;
  • Loisirs : vacances, lecture, activités, cadeaux, etc. ;
  • Dette : remboursement et intérêts sur la dette.

À la suite de la compilation des dépenses, Justine estime que son nouveau budget devrait s’élever à 45 000 $ (net d’impôts) par an.

Statut de travailleur autonome et frais déductibles

Lors de sa résidence, Justine avait un statut d’employée. Ses impôts étaient donc prélevés à la source, à même ses revenus. Une fois en pratique, elle changera de statut en passant à celui de travailleur autonome, ce qui lui permettra de déduire certaines dépenses, en lien avec son travail, de son revenu imposable. Ces dernières incluent les cotisations professionnelles, l’assurance responsabilité, le loyer de bureau, la facturation, la formation, les honoraires des professionnels (comptable, etc.) et autres frais.

Comme Justine envisage de se rapprocher de son futur lieu de travail, elle pourra également déduire, sous certaines conditions, ses frais de déménagement de son revenu.

Revenu et imposition

Pour sa première année de pratique (2020), Justine s’attend à gagner 250 000 $ net de dépenses déductibles. À part les impôts, elle doit prévoir le versement de contributions au régime des rentes du Québec (RRQ), au régime québécois d’assurance parentale (RQAP) et au Fonds des services de santé (FSS).

Les travailleurs autonomes ont jusqu’au 15 juin pour produire leurs déclarations de revenus. Cependant, l’ensemble des impôts (provincial et fédéral) doivent être acquittés au plus tard en date du 30 avril. Sinon, des intérêts s’appliquent sur le solde non réglé à cette date. Dans le cas de Justine, elle sera soumise à des acomptes provisionnels à partir de 2021.

Le dernier avis de cotisation au fédéral de Justine mentionne qu’elle possède des droits inutilisés de 17 550 $ à titre de REER. Ce montant correspond à 18 % des revenus provenant de ses emplois à temps partiel et durant l’été, ainsi que de ses années de résidence. Nous recommandons d’ailleurs à Justine de cotiser au REER afin de réduire son revenu imposable.

Toutefois, l’avantage du REER dépasse le remboursement d’impôt. Lors de l’achat de sa première résidence, Justine pourra retirer, sans incidence fiscale, jusqu’à 35 000 $ dans le cadre du régime d’accès à la propriété (RAP), montant qui lui servira de mise de fonds.

Projection de la situation financière de Justine en 2020 :

 

Revenu net de dépenses professionnelles
250 000 $
Cotisation au REER
(17 550 $)
Revenu imposable
232 450 $
Impôts (taux moyen de 41 %)
(95 800 $)
Contributions (RRQ, RQAP, FSS)
(7 400 $)
Revenu disponible
129 250 $
Coût de vie
(45 000 $)
Surplus
84 250 $

 

L’analyse met en évidence un surplus de 84 250 $ pour la première année. Quelles seront les priorités pour tirer le maximum de cet excédent ?

Stratégies de remboursement de dettes

Étant donné que les intérêts sur la marge de crédit ne sont pas déductibles, Justine aurait avantage à rembourser sa marge de crédit au fur et à mesure des entrées d’argent. Elle aura droit à un crédit d’impôt non remboursable sur les intérêts payés dans l’année sur son prêt étudiant accordé par le gouvernement (qui doit par ailleurs être maintenu séparé des autres dettes).

Pour rendre les intérêts déductibles de sa marge de crédit, elle pourrait recourir à la technique de la mise à part de l’argent (MAPA). Pour ce faire, elle devra ouvrir une nouvelle marge de crédit pour emprunter de façon distincte la somme servant à certaines dépenses strictement utilisées dans le but de gagner un revenu professionnel.

Épargne

Le remboursement de la dette ne devrait pas faire oublier que l’épargne enregistrée (comme le REER) peut offrir certains avantages fiscaux dont il serait judicieux de se prévaloir.

Pour cotiser à son REER, Justine peut mettre en place un plan de prélèvements automatisés, qui consiste à autoriser l’institution financière à prélever automatiquement de son compte bancaire le montant de son choix à la fréquence souhaitée (hebdomadaire, mensuelle ou autre).

Conclusion

En suivant les recommandations ci-dessus, Justine aura remboursé ses dettes en moins de deux ans. Pour ce faire, elle devra recourir à des stratégies fiscales (comme la MAPA) et à des régimes fiscalement avantageux (comme le REER), et surtout respecter ses projections en matière de revenus (250 000 $) et de coût de vie (45 000 $).

Une fois les dettes remboursées, Justine devrait continuer à verser le maximum permis au REER. Devant un excédent budgétaire, il serait également avantageux de cotiser au CELI, et peut-être d’envisager l’incorporation.

Évidemment, Justine devra revoir sa situation financière régulièrement en fonction de ses projets personnels (achat de propriété, union de fait ou mariage, congé de maternité, etc.). Un accompagnement professionnel dansle domaine financier s’avère souvent la meilleure option.

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