/  30 septembre 2019

Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Septembre 2019

Contexte économique

Encore une fois ce trimestre, l’actualité politique a fortement influencé la direction des marchés financiers. Les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine ont été au centre des préoccupations. À cet égard, le troisième trimestre a été riche en revirements. À la fin de juin, à Osaka, les présidents Trump et Xi avaient conclu une trêve lors de la rencontre du G7. Dès le début d’août, cette trêve prenait fin. De nouveaux tarifs ont alors été annoncés. Finalement, les négociations ont repris en septembre. En fin de trimestre, on parlait même de la possibilité d’une rencontre au sommet à l’automne.

Au Royaume-Uni, Boris Johnson a été élu chef du Parti conservateur et premier ministre du pays. Il tente maintenant, non sans peine, de mener son pays vers le Brexit. Le parlement a toutefois opposé une certaine résistance à son intention de réaliser le Brexit sans une entente régissant les échanges commerciaux avec l’Union européenne.

Au cours de l’été, on a pu observer les effets de ces tensions sur l’économie, notamment par une diminution des échanges commerciaux internationaux. La plupart des pays ont subi des baisses de leurs exportations. D’ailleurs, l’économie s’est contractée dans certains pays dotés d’un secteur manufacturier important, tel que l’Allemagne.

La Chine aussi a subi les contrecoups des tensions commerciales. La production industrielle a continué de croître, mais le taux de croissance enregistré cet été est le plus faible des 17 dernières années.

Dans ce contexte de fragilité, l’économie américaine, locomotive de la croissance mondiale, s’en tire relativement bien. Le marché de l’emploi conserve sa solidité. La facilité à se trouver un emploi et les bonnes perspectives d’augmentation des salaires soutiennent le niveau élevé de confiance des consommateurs américains. Rappelons que leurs dépenses constituent près de 70 % du PIB du pays. De plus, les baisses de taux hypothécaires observées depuis quelques mois favorisent le marché immobilier et la construction résidentielle. Les récents indicateurs économiques semblent démontrer que les craintes de récession aux États-Unis étaient nettement exagérées. Soulignons toutefois les difficultés du secteur manufacturier américain : il est affecté, lui aussi, par les tarifs douaniers mis en place au cours des dernières années.

Après deux trimestres de faible croissance, le Canada a récemment enregistré la plus forte croissance des pays du G7 soit 3,7 %. Chez nous aussi, les baisses de taux hypothécaires ont favorisé le marché immobilier, lequel avait connu un certain repli notamment en Ontario.

Politique monétaire et titres à revenu fixe

La diminution du rythme de croissance dans plusieurs pays, dont la Chine, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Russie, a incité de nombreuses banques centrales à abaisser leurs taux d’intérêt.

En zone euro, la Banque centrale a abaissé son taux directeur de -0,40 % à -0,50 %. Elle a également annoncé la reprise de son programme d’achat d’obligations sur les marchés. Les taux obligataires négatifs y sont devenus courants. Cette situation a incité de nombreux investisseurs à se tourner vers les obligations nord-américaines, qui offrent toujours un rendement positif. Cette forte demande a contribué à la baisse des taux obligataires de ce côté de l’Atlantique et, par conséquent, au bon rendement du marché obligataire canadien.

Pour sa part, la Réserve fédérale américaine a procédé à deux baisses de taux de 0,25 % au cours du trimestre. Comme l’expliquait le président de la Fed, ces baisses préventives ne sont pas le début d’une tendance. Elles sont plutôt un « ajustement de milieu de cycle » qui vise simplement à donner un peu d’oxygène à l’économie. Cette action préventive est mise en place au cas où le ralentissement observé dans le monde viendrait à atteindre les États-Unis.

Chez nous, la forte croissance enregistrée par l’économie canadienne a incité la Banque du Canada à maintenir le statu quo plutôt que de suivre la tendance et d’abaisser les taux. Le gouverneur Poloz est toutefois conscient que la forte croissance récente ne peut guère être maintenue à très long terme. Il a donc ouvert la porte, lors de la rencontre tenue au début de septembre, à baisser éventuellement le taux directeur si les conditions l’exigeaient.

La perspective de ralentissement de la croissance économique mondiale et l’attrait des obligations nord-américaines pour les investisseurs internationaux ont entraîné une baisse des taux obligataires. Ce contexte a été favorable au rendement des obligations.

La relative stabilité des taux de court terme et la baisse des taux de long terme ont entraîné une inversion de la courbe de rendement. Cela a fait couler beaucoup d’encre au cours de l’été. En effet, l’inversion de la courbe des obligations américaines d’échéances de 2 et de 10 ans a souvent été un indicateur précurseur de récession aux États-Unis. Cette inversion de la courbe de taux n’avait pas été observée depuis 2007. Le président de la Fed mentionnait la nécessité de regarder toutefois les causes de l’inversion actuelle, soit les tensions commerciales et les taux d’intérêt négatifs en Europe. Ces éléments ne sont pas susceptibles de provoquer une récession aux États-Unis.

Marchés boursiers

Malgré les fortes tensions commerciales, les marchés boursiers mondiaux ont continué de progresser au cours du troisième trimestre. Les résultats financiers des sociétés ont été généralement bons et légèrement supérieurs aux attentes. La baisse des taux directeurs décrétée par plusieurs banques centrales a ravivé l’appétit des investisseurs pour les actifs à risque. Cela a permis aux indices boursiers américains de toucher de nouveaux sommets. Les marchés boursiers européens et japonais ont également été soutenus par les décisions de leurs banques centrales.

Cela dit, les revirements dans le processus de négociation entre les États-Unis et la Chine, ainsi que certains événements, comme l’attaque d’installations pétrolières en Arabie saoudite, ont contribué à maintenir un haut niveau de volatilité sur les marchés.

L’inversion de la courbe de taux des obligations américaines a également contribué à de forts mouvements des cours boursiers au mois d’août. Rappelons que cette inversion de courbe a fréquemment été annonciatrice d’une récession.

Les marchés émergents ont été particulièrement bousculés au mois d’août. L’incertitude entourant la résolution des conflits commerciaux et la force du dollar américain minent la progression des marchés émergents.

La Bourse canadienne s’est relativement bien tirée des turbulences de l’été. Les pressions subies par le secteur de l’énergie sont compensées par la forte demande pour l’or, valeur refuge en ces périodes de volatilité. La relative solidité de l’économie canadienne soutient également plusieurs secteurs, notamment les services financiers.

À l’horizon

Les consommateurs américains demeurent relativement immunisés contre les problèmes commerciaux. La faiblesse du secteur manufacturier américain ne devrait donc pas entraîner de récession aux États-Unis. La prudence de la Réserve fédérale, qui a réduit son taux directeur à deux reprises au cours du trimestre, contribuera à protéger l’économie américaine contre les vents contraires qui soufflent actuellement sur l’économie mondiale.

Ailleurs dans le monde, le secteur manufacturier est actuellement en contraction. Le secteur des services, axé sur la consommation, résiste et demeure le principal vecteur de la croissance mondiale. La détérioration récente de plusieurs indicateurs de nature prospective révèle que plusieurs entreprises à travers le monde demeurent très prudentes face aux tensions commerciales mondiales.

Nous sommes d’avis que la situation se stabilisera et que la croissance mondiale se poursuivra. Les incidences négatives des tensions commerciales se dissiperont progressivement et les économies européenne et japonaise se redresseront.

Les mesures de stimulation budgétaire et fiscale contribueront également à la stabilisation de l’économie chinoise.

Dans cet environnement de croissance modérée, l’inflation demeurera à des niveaux stables qui ne nuiront pas à la croissance économique. Les banques centrales pourront donc maintenir leurs politiques de stimulation. Ces mesures permettront de soutenir la croissance mondiale et de prolonger le cycle économique. Cette conjoncture sera alors favorable aux actions et aux matières premières, au détriment des titres à revenu fixe et du dollar américain.

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