/  10 décembre 2020

L’importance de contrôler ses frais de gestion

Peu importe le mode de gestion utilisé par l’épargnant, investir n’est pas gratuit. Qu’il s’agisse des frais de gestion ou d’exploitation prélevés par un fonds commun de placement, des commissions et autres frais administratifs versés à un courtier, des honoraires de gestionnaire de portefeuille ou d’une combinaison de tous ces types de frais, ces montants viendront gruger une portion des rendements générés par les placements. Notons par ailleurs qu’il est tout à fait normal d’assumer ces coûts. Après tout, ils rémunèrent les personnes ayant rendu des services en lien avec la gestion de vos investissements. Cela étant dit, pourquoi alors s’intéresser à ces frais ? Cette chronique vise justement à illustrer l’importance de les comprendre, de les contrôler et surtout de saisir leur impact à long terme dans un projet de planification de la retraite.

L’importance des frais dans un environnement de rendements modestes

Depuis 2009, l’Institut québécois de planification financière (IQPF) publie annuellement Les Normes d’hypothèses de projection1. Cet outil guide les planificateurs financiers notamment dans l’élaboration de projections de revenus de retraite. Entre autres, on y constate, depuis les douze dernières années, une tendance de diminution des attentes en matière de rendement futurs. Puisque le rendement net d’un investissement égale généralement le rendement brut moins les frais de gestion, et que le rendement brut anticipé tend à être plus modeste, il devient primordial de contrôler les frais de gestion.

Certaines personnes n’aiment pas aborder la question des frais avec leur conseiller. Toutefois, le sujet n’est pas un tabou ; et vous devez pouvoir en parler sans aucun sentiment de malaise. Enfin, notons que la seule réponse qui devrait vous faire peur c’est : « Il n’y a aucuns frais de gestion liés à vos placements ! ». Le bénévolat et la philanthropie sont de beaux idéaux qui existent rarement dans une relation entre le client et le gestionnaire de fonds.

 

L’industrie des fonds communs de placement au Canada

Les fonds communs de placement disponibles au Canada sont nombreux et variés. En moyenne, le ratio des frais de gestion des fonds gérés activement au Canada se situe à 2,1 % par année2. Cela signifie que l’investisseur dont les actifs auraient généré un rendement brut de 7,1 % aura un rendement net de 5 %. Notons par ailleurs que les frais de gestion sont prélevés sur les rendements bruts, qu’ils soient positifs ou négatifs. Ainsi, l’investisseur dont les actifs auraient essuyé une perte brute de 8 % verra, dans les faits, la valeur de ses actifs reculer de 10,1 %.

Enfin, en termes de poids relatif, si le rendement brut des placements s’élève à 8,4 %, les frais de gestion de 2,1 % représentent 25 % du rendement avant frais ; et, dans un environnement de rendements plus modestes, ce poids relatif augmente. Par exemple, si le rendement brut est de 4,2 %, les frais de gestion de 2,1 % représentent 50 % du rendement avant frais.

 

Analyse de cas

Il est parfois difficile de saisir l’ampleur des répercussions à long terme des frais de gestion sur la planification de la retraite. Analysons un cas afin d’illustrer l’importance de maîtriser ces frais. Imaginons un particulier de 55 ans qui détient un REER de 511 000 $. Ce dernier est investi en fonds communs de placement pour lesquels on anticipe un rendement annuel brut de 6 %. Les frais de gestion annuels sont à 1 %, ce qui ramène le rendement annuel net à 5 %. La personne prévoit travailler encore 10 ans et cotiser annuellement 27 000 $ à son REER d’ici la retraite, soit approximativement la marge REER annuelle maximale. Selon les normes de projections précitées, le particulier pourra bénéficier d’un revenu annuel de 75 000 $ provenant de son REER jusqu’à l’âge de 95 ans. Notre analyse sera basée sur ces paramètres, sans tenir compte d’inflation ni d’autres sources de revenus.

Imaginons maintenant que cette même personne de 55 ans doit assumer les frais de gestion annuels non pas de 1 %, mais plutôt de 2 %. Toutes choses étant égales par ailleurs, le rendement annuel net sur lequel il pourra compter passe donc de 5 % à 4 %. Quelles seront les répercussions de cette augmentation de frais et surtout, comment ajuster le tir ?

Techniquement, le fait de passer d’un rendement annuel net de 5 % à 4 % pourrait être compensé de trois façons :

 

Scénario alternatif 1 : Augmenter (si possible) son niveau d’épargne d’ici la retraite

Cette option signifie que l’épargne annuelle requise pour financer le même revenu annuel durant la retraite (75 000 $) doit passer de 27 000 $ à un peu plus de 46 100 $. Il s’agit d’une augmentation de plus de 70 %. L’effort d’épargne supplémentaire requis est tel qu’il pourrait s’avérer impossible à réaliser d’autant plus qu’il dépasse largement le plafond des droits de cotisation REER annuels octroyés par l’Agence du revenu du Canada.

 

Scénario alternatif 2 : Accepter un niveau de revenu inférieur durant la retraite

Avec un même effort d’épargne, c’est-à-dire 27 000 $ annuellement, il sera possible de financer un revenu annuel à la retraite de seulement 61 700 $ (plutôt que de 75 000 $). Il s’agit d’une diminution de plus de 13 000 $ par année (environ 18 %) par rapport au revenu de retraite souhaité.

 

Scénario alternatif 3 : Reporter l’âge de retraite

Maintenant, si l’épargne retraite annuelle demeure la même (27 000 $), et que l’on vise un revenu de retraite annuel de 75 000 $, l’épargnant devra travailler environ 2,5 années de plus. En effet, une telle décision implique une épargne supplémentaire de 67 500 $ (pour ces 2,5 ans de travail de plus) et des revenus totaux inférieurs de 187 500 $ (pour ces 2,5 ans de retraite en moins).

Le tableau suivant résume ces situations :

Frais de gestion
Épargne annuelle
Revenu annuel
Âge de retraite
Scénario de base
1 %
27 000 $
75 000 $
65 ans
Scénario alternatif 1
2 %
46 100 $
75 000 $
65 ans
Scénario alternatif 2
2 %
27 000 $
61 700 $
65 ans
Scénario alternatif 3
2 %
27 000 $
75 000 $
67,5 ans

 

En conclusion

Il peut parfois paraître bien théorique de s’attarder aux frais de gestion, d’autant plus qu’étant prélevés à même les fonds, ils peuvent facilement passer inaperçus. Toutefois, en illustrant l’impact du niveau de ces frais (1 % par rapport à 2 %) sur des éléments concrets (effort d’épargne supplémentaire, diminution de revenu de retraite, report de quelques années du projet de retraite), l’importance de contrôler ceux-ci devient évidente, surtout dans un environnement de rendements plus modestes qui sera peut-être notre nouvelle réalité pour les années à venir. En d’autres mots, les bas frais de gestion des Fonds FMOQ seront un allié essentiel pour permettre une meilleure croissance de votre capital dans les prochaines années !

 


1 https://www.iqpf.org/docs/default-source/outils/iqpf-normes-projection2020.pdf
2 Source : Strategic Insight 2019

Énoncé économique du gouvernement fédéral

Dans le cadre de son Énoncé économique du 30 novembre 2020, la ministre fédérale des Finances Chrystia Freeland a annoncé certaines mesures temporaires d’aide financière aux Canadiens en raison des incidences de la COVID-19. Allocation...
Lire la suite

Capsule REER – CELI

Votre REER Votre CELI Plafond de cotisation en 2020 : 27 230 $ (pour un revenu admissible de 151 278 $ et plus) Plafond de cotisation en 2021 : 27 830 $ (pour un revenu admissible de 154 611 $ et plus) Date limite de...
Lire la suite