Bon nombre d’investisseurs en ont mare des rendements de 4 à 5 % offerts présentement par les titres à revenu fixe et salivent rien qu’à l’idée d’obtenir 10 % par année. Lorsque ces derniers découvrent que les fonds de dividendes d’actions canadiennes ont procuré en moyenne (en date de septembre 2007) une performance annuelle de 14,8 % en 5 ans, de 10,3 % en 10 ans et de 11,9 % en 15 ans, ils sont estomaqués.
Est-ce trop beau pour être vrai ? Bien sûr que non, car les dividendes sont synonymes de profitabilité. Pourquoi ? Parce que les actionnaires détiennent les droits de propriété de l’entreprise et en partagent ainsi les succès et les revers. Alors, lorsqu’une société réussit à rentabiliser ses opérations, son premier réflexe sera généralement de chouchouter ses porteurs de parts en leur versant des dividendes.
La générosité des entreprises dans la distribution de cette gratification dépend en premier lieu de ses propres besoins. Dans le cas de sociétés parvenues à un stade de maturité, c’est-à-dire les Blue Chips, une grande partie du bénéfice sera versée en dividendes. Par contre, si les entreprises sont jeunes et en pleine croissance, l’essentiel des profits pourrait servir à en financer l’essor.
Le pourcentage du bénéfice net versé en dividendes varie donc énormément d’une entreprise à l’autre. Toutefois, une chose est certaine, un rendement en dividendes élevé (montant des dividendes/cours de l’action) caractérise généralement une entreprise rentable, bien établie et solide. Au Canada, les sociétés les plus généreuses avec leurs actionnaires évoluent dans les services financiers, les télécommunications et les services publics. Il s’agit donc de placements assez conservateurs qu’un investisseur peut détenir à long terme.
Une autre caractéristique non négligeable est que l’accroissement des dividendes est de nature à provoquer une montée du prix de l’action. La politique de versement de dividendes est donc un facteur clé influençant la valeur d’une entreprise. Ainsi, certaines sociétés, telles que Power Corporation, Banque Royale et Banque Nationale, se sont taillées une réputation appréciable auprès des investisseurs en raison de la constance avec laquelle le flot de dividendes s’est accru ces dernières années.
Dans l’ensemble, cependant, le rendement en dividendes a fléchi au fil des ans au Canada. De 1960 à 1998, le dividende annuel moyen de l’indice phare canadien s’est établi à 3,4 %, révèle l’étude Évolution récente des marchés d’actions et ses conséquences, publiée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Mais le taux a reculé depuis et s’élevait à 2,44 % le 30 mars dernier. Ce repli s’explique en grande partie par le fait que de plus en plus d’entreprises augmentent la valeur de leurs actions (et avantagent les actionnaires) en rachetant les titres en circulation à même leurs bénéfices.
Une dernière particularité des dividendes est que leur traitement fiscal est avantageux. En effet, le taux maximal d’imposition des dividendes versés par les sociétés ouvertes s’élève actuellement à 29,7 % au Québec, comparativement à 48,2 % pour les revenus d’intérêt. C’est donc un placement encore plus intéressant lorsqu’il ne fait pas partie d’un REER.
Choisir avec doigté
Avec un tel profil, pas étonnant que les fonds de dividendes soient en vogue. Leur popularité s’appuie sur les qualités suivantes : constance des rendements, limitation du risque, régularité des revenus et fiscalité avantageuse des dividendes et du gain en capital.
Le risque qui guette cependant les investisseurs est d’être ébahis par ces qualités et, conséquemment, ne pas sélectionner ces fonds diligemment. Pourquoi est-ce important de bien choisir? Parce que cette catégorie de fonds englobe des portefeuilles très différents les uns des autres, puisque l’actif peut être canalisé dans les actions ordinaires, les actions privilégiées, les parts de fiducies de revenu ou les obligations corporatives.
Les composantes clés de ces fonds sont bien entendu les actions ordinaires et privilégiées. Qu’est-ce à dire? Les actions privilégiées sont une action de type particulier qui rapporte un montant fixe de dividendes, puisé à même les profits de l’entreprise. Leur nom signale qu’elles ont priorité sur les actions ordinaires en ce qui concerne le paiement des dividendes. Elles sont en quelque sorte un titre hybride, plus sécuritaire que les actions ordinaires, mais plus risqué que les obligations corporatives.
Bien que les gestionnaires de fonds de dividendes mettent l’emphase sur ces titres, il y a un hic, et il est de taille : les actions ordinaires munies de dividendes élevés et les actions privilégiées sont souvent émises par les mêmes entreprises canadiennes. Par conséquent, les fonds pourraient dépendre d’un nombre restreint d’émetteurs. Pour contourner ce problème, les gestionnaires font normalement appel aux parts de fiducies de revenu et aux obligations de sociétés (corporate bonds).
Jusqu’à tout récemment, les fonds de dividendes fortement investis dans les fiducies de revenu brillaient avec éclat. Étant donné l’avantage fiscal dont jouissent ces fiducies, tous les projecteurs étaient tournés vers elles. Seulement voilà, le gouvernement fédéral a modifié les règles fiscales en novembre 2006 de manière à ce que l’imposition des distributions des fiducies de revenu devienne semblable à celle des dividendes d’ici la fin de 2011. Cette décision, visant à décourager les sociétés ouvertes de se convertir en fiducies de revenu, n’a pas manqué de jeter une douche froide sur la valeur de ces unités et sur le rendement des fonds qui y sont exposés.
Au reste, les obligations d’entreprises constituent le placement le moins avantageux à l’extérieur du REER, car les revenus d’intérêt sont imposables à 100 %. Il faut noter que les obligations ont tout de même l’avantage d’accroître la stabilité du fonds, tout comme les actions privilégiées.
En comprenant mieux les fonds de dividendes, un investisseur peut donc maximiser les avantages qu’il en tire. Il faut aussi noter que les fonds de revenu mensuel, parfois aussi appelés fonds diversifiés, ont fait leur apparition depuis quelques années et sont composés des quatre mêmes classes d’actifs. Ils méritent aussi notre attention.
Dans la chronique du mois dernier, nous avons abordé les plus récentes modifications apportées au régime enregistré d’épargne-études (REEE).
Même si le gouvernement fédéral n’a pas jugé bon de hausser la limite à vie de la subvention de 7 200 $ à laquelle un bénéficiaire a droit, le régime a été bonifié, car la subvention est dorénavant accordée sur les premiers 2 500 $ de capital investi par enfant, comparativement à 2 000 $ avant le 1er janvier 2007. La subvention annuelle passe ainsi de 400 $ à 500 $. De plus, le gouvernement du Québec ajoute dorénavant une subvention de 250 $ pour toute cotisation annuelle de 2 500 $.
Les autres améliorations apportées au régime sont :
- l’abolition de la limite de cotisation annuelle de 4 000 $;
- l’augmentation de la limite de cotisation à vie, de 42 000 $ à 50 000 $.
Ces deux éléments peuvent modifier d’une manière significative la façon d’accumuler de l’épargne pour les études des enfants.
En effet, dorénavant, des parents ou des grands-parents peuvent, à la naissance de leur enfant ou petit enfant, cotiser d’un seul coup jusqu’à 50 000 $ dans un REEE. Ce faisant, ils peuvent toucher une seule subvention, tout en faisant croître longtemps les revenus à l’abri de l’impôt.
En pratique, une cotisation de 50 000 $ dans un REEE pourrait croître jusqu’à 183 358 $1après 18 ans, comparativement à 116 447 $2 dans un compte non enregistré. L’écart de 66 911 $ provient presque exclusivement du fait que, dans le REEE, les rendements profitent à l’abri de l’impôt.
Par contre, si un souscripteur investissait plutôt 2 500 $ par année dans un REEE afin de toucher toutes les subventions auxquelles il aurait droit, tout en laissant le reste de son capital de 50 000 $ croître dans un compte non enregistré, son portefeuille (REEE et non enregistré) atteindrait 164 981 $2.

De fait, le scénario idéal se situe entre les deux précédents, car il est préférable de placer rapidement un bon montant à l’abri de l’impôt (même si l’on se prive des subventions gouvernementals futures). Voici un exemple :
- cotiser 30 000 $ à un REEE la première année; et
- placer 20 000 $ dans un compte non enregistré, duquel serait retiré annuellement un montant de 2 500 $ qui serait transféré au REEE, pendant une période de 8 ans.
En agissant ainsi, vous toucherez seulement 6 750 $ de subventions (500 $ X 9 et 250 $ X 9) alors que le maximum est 10 800 $ (7 200 $ au fédéral et 3 600 $ au provincial). Cependant, le portefeuille accumulé atteindra 189 647 $.
1 Rendement projeté de 7 %
2 Rendement projeté de 7 % et taux moyen d’imposition des rendements de 35 %
Le régime enregistré d’épargne-études (REEE) permet de faire fructifier des épargnes, à l’abri de l’impôt, jusqu’à ce que l’enfant que l’on veut aider (le bénéficiaire) s’inscrive à un programme d’études postsecondaires.
Pour encourager les contribuables à économiser, le gouvernement du Canada verse une subvention (la Subvention canadienne pour l’épargne-études ou SCEE), directement dans le REEE dont l’enfant est bénéficiaire.
Dans son dernier budget, le gouvernement du Canada a adopté des mesures destinées à« rehausser l’attrait des REEE », soit :
- l’élimination du plafond des cotisations annuelles de 4 000 $;
- l’augmentation du plafond cumulatif des cotisations de 42 000 $ à 50 000 $;
- la hausse du montant maximal annuel de la Subvention canadienne pour l’épargne-études de 400 $ à 500 $.
En pratique, ces trois mesures signifient que :
- la cotisation maximale de 4 000 $, par année et par bénéficiaire, n’existe plus;
- pour toute la durée du régime, la limite cumulative des cotisations est désormais de 50 000 $;
- la subvention de 20 % s’applique dorénavant à la première tranche de 2 500 $ des cotisations annuelles, pour un total de 500 $.
Il est à noter :
- que le plafond cumulatif de subvention au régime (7 200 $ au total, par bénéficiaire) demeure le même; en conséquence, quatorze cotisations de 2 500 $ et une quinzième cotisation de 1 000 $ permettront d’atteindre ce montant limite (14 x 500 $ + 1 x 200 $ = 7 200$);
- qu’il est toujours possible de récupérer une année de retard de subvention à la fois. Ainsi, une cotisation de 5 000 $ permettra d’obtenir 1 000 $ de subvention, si l’enfant n’a pas touché toutes les subventions auxquelles il a droit depuis sa naissance.
Le paiement d’aide aux études (PAE)
Le paiement d’aide aux études (PAE) est un montant qui provient d’un REEE et qui est versé pour aider un bénéficiaire à payer le coût de ses études postsecondaires. Constitué des subventions et des revenus accumulés au fil des ans, ce paiement ne comprend pas les cotisations du souscripteur.
Pour un étudiant à temps plein, le PAE est limité à 5 000 $ pour la première session de cégep alors qu’il est sans limite par la suite.
Depuis le dernier budget fédéral, un étudiant à temps partiel peut aussi recevoir un PAE, qui est toutefois limité à 2 500 $ par session.
|
AVANT
le 1er janvier 2007 |
APRÈS
le 1er janvier 2007 |
Plafond de la cotisation (par année) |
4 000 $ |
Aucun |
Plafond de la cotisation (à vie) |
42 000 $ |
50 000 $ |
Plafond de la subvention (à vie) |
7 200 $ |
7 200 $ |
Limite de la subvention annuelle
(en l’absence de retard) |
400 $
(20 % de 2 000 $) |
500 $
(20 % de 2 500 $) |
Limite de la subvention annuelle
(en cas de retard) |
800 $
(20 % de 4 000 $) |
1 000 $
(20 % de 5 000 $) |
Admissibilité aux PAE |
Étudiants
à temps plein
seulement |
Étudiants
à temps plein
ou à temps partiel(certaines restrictions s’appliquent) |
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Subvention du gouvernement du Québec
Dans son dernier budget, le gouvernement du Québec a annoncé qu’il ajoutera 10 % sur les premiers 2 500 $ cotisés annuellement dans ce régime.
Dans la prochaine chronique, nous verrons comment l’abolition de la limite de la cotisation annuelle de même que l’augmentation de la limite de cotisation à vie pourront influencer positivement le régime.
Les marchés boursiers ne sont pas pour les âmes sensibles…
À la Bourse, les gens constatent, souvent avec un brin d’ironie, qu’ils peuvent acheter une action seulement si quelqu’un est prêt à vendre. Autrement dit, la transaction n’est possible que si deux opinions contraires se rencontrent. Ainsi, pendant que l’analyse des uns les pousse à choisir un titre, l’analyse des autres doit les inciter à s’en départir.
Comment expliquer cette contradiction ? Simplement par le fait qu’il n’existe pas de recette magique ou de formule toute faite pouvant nous aider à savoir quand acheter un titre boursier. C’est toujours du cas par cas. Et il ne faut surtout pas se fier aux apparences, mais plutôt gratter en profondeur.
Dans ce contexte, la meilleure façon de rester au-dessus de la mêlée est de voir venir les choses. Voilà pourquoi les analystes scrutent les données financières des entreprises, et tout le tralala, afin de déterminer la valeur des actions.
Mais ce n’est pas une mince affaire. Prenons, par exemple, le ratio cours/bénéfice (C/B). Facile à calculer, ce ratio s’obtient en divisant le cours d’une action ordinaire par le bénéfice par action de l’entreprise. Ainsi, si le titre se négocie à 30 $ et le bénéfice par action est de 1 $, le ratio cours/bénéfice sera de 30. En théorie, plus ce multiple est bas, plus l’action ordinaire est une aubaine. Mais, dans les faits, cette analyse est un peu plus complexe.
Préciser le point de chute
Pour déterminer si une action est chère ou non, il faut un point de repère. De ce raisonnement logique découle le concept de la juste valeur marchande, qu’on définit comme étant le prix le plus élevé qu’il serait raisonnable d’attendre pour vendre une action, suivant la méthode habituellement applicable et le cours normal des affaires, sur un marché qui n’est pas soumis à des tensions indues.
En ayant à l’esprit cette définition, cette juste valeur nécessitera-t-elle un ratio C/B de 10 ou de 25 ? La réponse varie d’un secteur d’activité à l’autre. Par exemple, dans l’alimentation, où les marges de profit sont réduites, la réduction des coûts améliorera la valeur d’une entreprise. Dans les biotechnologies, on s’intéressera aux efforts de recherche et développement.
Normalement, une entreprise cyclique sera affublée d’un ratio C/B plus faible (surtout quand les profits atteignent un sommet). À l’inverse, une entreprise qui entraîne beaucoup de liquidités et qui est en forte croissance (ex.: eBay et Google) méritera un ratio C/B plus élevé.
L’investisseur doit donc acheter en toute connaissance de cause, et faire preuve de jugement. Il doit comprendre la nature intrinsèque de l’entreprise évaluée et avoir une idée de ses perspectives à long terme (cinq ans et plus). Il doit donc se méfier du bénéfice déclaré, car ce dernier ne reflète pas tout le temps la réalité. Ce chiffre ne doit absolument pas être pris à la lettre, mais plutôt être décortiqué afin de déterminer la réelle capacité bénéficiaire des entreprises. Par exemple, les dépenses extraordinaires peuvent réduire le bénéfice d’un trimestre donné, bien qu’elles risquent fort de ne pas se répéter dans l’avenir.
Considérer le taux sans risque
Un autre élément qu’il faut absolument prendre en compte est l’environnement qui prévaut lors de l’achat. Intuitivement, avant de prendre un risque, il est toujours préférable de considérer le gain que l’on peut faire sans se mouiller.
Prenons, par exemple, le ratio cours/bénéfice de l’indice S&P/TSX qui était de 16,65 en avril 2007. Selon le modèle de la Fed, popularisé en 1997, ce ratio équivaut à un taux d’intérêt de 6 % (1/16,65 x 100), un résultat nettement supérieur au rendement des titres à revenu fixe, soit 4,16 % (obligations canadiennes de 5 à10 ans) au même moment. Ce résultat indique clairement que la Bourse peut encore s’apprécier.
Le même raisonnement s’applique aux titres individuels, avec la différence que le taux de croissance du bénéfice peut influencer la juste valeur de l’action. Il est donc important de déterminer si l’entreprise progresse plus ou moins rapidement que l’ensemble du marché. Celle-ci méritera un multiple plus élevé si son rythme de croisière est plus rapide que celui des autres entreprises.
En reprenant l’exemple précédent, il est possible d’évaluer que le multiple maximal du marché canadien serait de 24 (1/24 x 100 = 4,16 %) dans l’environnement actuel. Sachant que la croissance boursière historique de ce marché tourne autour de 8 %, on pourrait très bien tolérer un multiple plus élevé lorsque le bénéfice d’une entreprise croît à 16 %. Logiquement, si un multiple de 24 est acceptable avec une perspective de croissance de 8 %, un multiple de 48 pourrait très bien s’appliquer à un taux de 24 %.
Bien entendu, dès qu’il y a un changement dans la direction des taux à long terme ou de la croissance de l’entreprise, cette analyse prend une autre dimension. Afin de se protéger contre ce risque, il est toujours préférable de calculer une marge de sécurité. C’est pourquoi un multiple de 17 sera préférable à 24, malgré les taux d’intérêt actuels. Et ce multiple permettra de déterminer la juste valeur des entreprises.
Savoir si le passé a de l’avenir
Dans la pratique, on constate que même en analysant en profondeur le ratio cours/bénéfice, il est souvent difficile de faire un choix précis. Certains investisseurs, par exemple, sélectionneront les titres sur la base de leur valeur passée selon le concept de retour à la moyenne. Ils observeront la performance relative historique d’un titre par rapport au marché afin de connaître la direction qu’il prendra. En termes simples, ils tenteront de dénicher des titres qui se négocient en dessous de leur valeur moyenne historique dans l’espoir que ceux-ci reviendront à leur juste valeur.
D’autres investisseurs estiment qu’il ne faut pas seulement se fier au passé et s’intéressent à l’évolution future de l’entreprise. Ainsi, une baisse soudaine du ratio C/B d’une entreprise en bonne santé financière peut indiquer que le marché s’attend à une détérioration de son bilan prochainement. À l’inverse, un multiple subitement plus élevé peut dénoter qu’une hausse du bénéfice déclaré est attendue. Il est cependant important de comprendre que la croissance anticipée du bénéfice n’est qu’une hypothèse.
Bref, personne n’a la science infuse. Mais, une chose est certaine, pour être en position de force dans le marché boursier, un investisseur doit être capable de déterminer si le prix d’une action est raisonnable ou non.
Évolution du ratio cours/bénéfice du marché boursier canadien (S&P/TSX)
Période |
Ratio C/B |
1960-69 |
17,4 |
1970-79 |
11,6 |
1980-89 |
14,3 |
1990-97 |
42,9 |
Juin 2000 |
30 |
Avril 2007 |
16,65 |
|
Source : OCDE, Bloomberg et Bourse de Toronto
Article de Monsieur Claude Picher paru le 12 septembre 2006 dans La Presse, section Affaires, sous-section La vie économique. Reproduction autorisée, Tous droits réservés.
Nouveau record pour la liberté économique
Partout sur la planète, la liberté économique a fait des progrès spectaculaires au cours des deux dernières décennies. En fait, depuis 1980, la liberté économique a progressé dans tous les pays du monde sauf quatre (Birmanie, Congo, Venezuela et Zimbabwe). On peut donc affirmer que jamais, dans l’histoire de l’humanité, le niveau de liberté économique n’a été aussi élevé.
C’est ce qu’indique le plus récent relevé annuel sur la question, publié simultanément la semaine dernière par 72 organismes de recherche économique dans le monde. Au Canada, c’est l’Institut Fraser qui est responsable de la publication 1.
La liberté économique correspond à la facilité, pour les particuliers et les entreprises, d’investir et de profiter de leurs rendements avec un minimum de contraintes.
Les auteurs du document mesurent le niveau de liberté économique de 130 pays, selon une grille comportant 38 critères: entraves bureaucratiques, intégrité du système judiciaire et impartialité des tribunaux, solidité du système financier, taux d’inflation, convertibilité des monnaies, tarifs douaniers et barrières non tarifaires, contraintes bureaucratiques, solidité des institutions financières, protection de la propriété intellectuelle, poids de l’État dans l’économie, entre autres.
Le tout est ensuite reporté sur une échelle de 1 à 10. Plus le score est élevé, plus le niveau de liberté économique l’est aussi.
Le classement publié la semaine dernière fournit les chiffres de 2004, dernière année pour laquelle toutes les données sont disponibles.
Le Canada, avec une huitième place, fait partie du peloton de tête. En soi, ce n’est pas une grande nouvelle. Année après année, le Canada se classe parmi les 10 pays où la liberté économique est la plus avancée. Ainsi, l’an dernier, il se classait au sixième rang, l’année d’avant, au septième, 20 ans plus tôt, au neuvième.
Plutôt que le rang au classement général, il faut surtout considérer le pointage, sur l’échelle de 1 à 10 dont nous venons de parler. Aucun pays ne parvient à afficher un score parfait de 10. La première place revient à Hong Kong (considéré pour les fins de l’étude comme une entité séparée de la Chine), avec une note de 8,7 points. Le Canada, avec huit points, s’en tire fort honorablement, d’autant plus qu’il n’obtenait que sept points il y a 20 ans. Si son rang au classement ne bouge pas beaucoup malgré l’amélioration de son score, c’est que le niveau de liberté économique augmente aussi ailleurs dans le monde. Ce que ces chiffres nous disent, c’est que le Canada est capable de s’adapter aux changements, et qu’il demeure un concurrent sérieux sur la scène internationale.
Outre Hong Kong et le Canada, les 10 pays offrant le plus de liberté économique sont Singapour, la Nouvelle-Zélande, la Suisse, les États-Unis, l’Irlande, le Royaume-Uni, l’Islande et le Luxembourg. À l’inverse, les pires pays sont le Rwanda, le Burundi, l’Algérie, la Guinée-Bissau, le Venezuela, les deux Congos, la Birmanie et le Zimbabwe.
L’étude ne fournit pas de chiffres pour les administrations subalternes, comme les États américains ou les provinces canadiennes, pour la bonne raison que de nombreux critères, comme les tarifs douaniers ou la politique monétaire, relèvent des administrations centrales. Comme le Québec est plus taxé et plus bureaucratisé que les autres provinces, on peut raisonnablement présumer que le niveau de liberté économique y est sensiblement inférieur à la moyenne canadienne.
Comme la notion de liberté économique suppose l’élimination des contraintes, on pourrait penser que plus son niveau est élevé, plus on s’approche du capitalisme sauvage.
Sur papier, l’idée se défend: la liberté économique absolue signifie l’élimination des administrations publiques. Dans la vraie vie, c’est une tout autre histoire, parce que les gouvernements, même s’ils interviennent moins dans l’économie, continuent de jouer leur rôle d’encadrement et de réglementation, de construire des infrastructures, d’administrer des programmes sociaux, de fournir des services de sécurité, de santé, d’éducation, entre autres. Évidemment, plus une société est prospère, plus elle peut s’offrir des services publics de qualité.
Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’oeil sur les principaux indicateurs de niveau de vie pour voir que celui-ci augmente avec le niveau de liberté économique.
Dans les pays où il existe le plus de contraintes économiques, 19,3 % des enfants âgés de 10 à 14 ans travaillent à l’extérieur, souvent dans des conditions misérables; dans les pays où la liberté économique est la plus avancée, cette proportion baisse à 0,3 %.
L’espérance de vie à la naissance est de 55 ans dans les pays où il y a peu de liberté économique, comparativement à 78 ans dans les pays où il y en a beaucoup. Le taux de mortalité infantile est de 72,4 décès pour 1000 naissances dans le premier cas, de 5,9 dans le deuxième.
La liberté économique ne signifie pas la liberté de polluer. Deux organismes reconnus, le Center for Environmental Law & Policy, rattaché à l’Université Yale, et le Center for International Earth Science Information Network, rattaché à l’Université Columbia, ont mis sur pied un indice de » performance environnementale « , où chaque pays reçoit une note (sur un total possible de 100) mesurant l’efficacité de sa lutte contre la pollution. Plus la note est élevée, mieux c’est. Les pays offrant le plus de liberté économique récoltent 81 %; ceux où la liberté économique est la moins avancée ne font que 58 %.
De la même façon, le niveau de corruption, tel que mesuré par Transparence International, diminue en même temps que la liberté économique augmente.
On pourrait multiplier les exemples. Ainsi, sur le plan économique, il n’est pas exagéré de parler de fossé. Le revenu par habitant, dans les pays où il existe peu de contraintes économiques, se situe à 24 402 $US par année. Dans les pays où les contraintes sont les plus élevées, il atteint seulement 2998 $US. Ces deux montants sont exprimés en parité de pouvoir d’achat.
Entre 1990 et 2003, le revenu réel par habitant a augmenté en moyenne de 2,1 % par année dans les pays les plus libres, et il a régressé de 0,2 % par année dans les pays les plus contraignants. Enfin, le taux de chômage se situe à 5,9 % dans le premier groupe et à 12,7 % dans le deuxième.
Tous ces chiffres nous amènent assez loin du capitalisme sauvage !
On parle beaucoup de l’augmentation de la demande fondamentale de pétrole, en rappelant l’explosion de la demande chinoise et l’épuisement éventuel des ressources pétrolières.
Comment comprendre la montée fulgurante du prix du pétrole au cours des cinq dernières années? Et cette récente tendance, est-elle un bon indicateur pour extrapoler la trajectoire future des prix?
Avant de faire une prévision des prix futurs, il faut remettre en contexte les causes de l’augmentation de la demande, l’incertitude de la déstabilisation du système d’exploitation et d’acheminement du pétrole et la spéculation de la part des investisseurs financiers.
LE JEU DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE
Manque d’exploration et d’investissement durant les années 1990.
À la suite du choc pétrolier de la fin des années 1970, le prix du baril oscillait autour de 40 $. Le prix du pétrole West Texas Intermediate (WTI), un indice pétrolier de référence important, est retombé dans une fourchette de 10 à 30 dollars américains le baril durant la période de 1985 à 2002. Au cours de cette période, l’industrie pétrolière jugeait que les réserves pétrolières et l’infrastructure d’extraction et de raffinage étaient suffisantes pour répondre à la demande anticipée. Le prix de revente du pétrole ne justifiait donc pas de programme d’expansion additionnel important.

Crise asiatique de 1998-1999.
Le graphique ci-contre illustre l’évolution de l’excédent de l’offre de pétrole au-delà de la demande (ligne pleine « Capacité excédentaire de production) par rapport au prix du pétrole ligne pointillée « Prix du pétrole WTI.
En 1998 et 1999, la crise asiatique survient et la demande mondiale de pétrole ralentit par rapport à l’offre. On observe alors un accroissement important de la capacité excédentaire de production de pétrole, ce qui a fait fléchir le prix du pétrole autour de 10 dollars américains pour rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande.
Boom de l’an 2000 et miracle de productivité.
Avec l’accélération économique mondiale qui a suivi l’an 2000 en raison de politiques monétaires expansionnistes et d’un boom d’investissements pour contrer le bogue de l’an 2000 et pour déployer une nouvelle infrastructure informatique, la demande de pétrole a augmenté rapidement, la capacité excédentaire de production de pétrole s’est affaissée et le prix du pétrole a subi une hausse pour atteindre 30 dollars américains.
Récession mondiale en 2001.
Dans le contexte de la récession de 2001-2002, auquel s’ajoutait une montée des incertitudes géopolitiques due à l’attentat terroriste en sol américain, plusieurs économistes prévoyaient un environnement économique difficile pendant une longue période au cours de laquelle les entreprises hésiteraient à investir et à créer des emplois. À leur tour, les consommateurs hésiteraient à dépenser. Le graphique illustre ainsi la vive remontée de la capacité excédentaire de production de pétrole et la chute des prix du pétrole.
Reprise économique fulgurante en 2003.
À la suite des politiques financières et fiscales vigoureuses et concertées, l’économie mondiale a bondi à partir de 2003, et la demande de pétrole a suivi.
Comme l’offre de pétrole n’a pu s’ajuster rapidement (exploration, construction de raffineries, pipelines, etc. étant au ralenti depuis plus d’une décennie), le prix demeure la variable d’ajustement permettant de concilier l’offre et la demande. Il a donc subi une vive ascension.
Nouveaux facteurs d’amplification.
Plusieurs nouveaux facteurs sont venus composer l’effet cyclique de la demande sur le prix du pétrole.
- Incertitudes géopolitiques. Une suite d’événements géopolitiques sont survenus pour mettre en doute la capacité d’acheminement de pétrole : l’invasion de l’Irak en 2003, des attentats terroristes sur des pipelines, l’expropriation des activités de production de Yukos en Russie, les pressions politiques internes au Venezuela et au Nigeria, les ouragans aux États-Unis, la menace de rivalités à la suite du programme nucléaire iranien, etc. Tous ces éléments font craindre un risque d’interruption dans l’approvisionnement en pétrole. Et parce qu’il est difficile d’interrompre les activités de production d’une raffinerie de pétrole à cause des risques de bris mécaniques, les raffineries se sont mises à se constituer des réserves de pétrole brut afin d’éviter une pénurie éventuelle.
- La Chine : On parle beaucoup de l’émergence de la Chine sur le plan économique mondiale et de l’augmentation rapide de sa consommation de pétrole en raison de la modernisation de son économie. Il faut cependant préciser que ce développement à long terme ne saurait expliquer à lui seul l’explosion de la demande chinoise à court terme.Le processus mondial de sous-traitance internationale (offshoring), où la capacité de production manufacturière mondiale est progressivement relocalisée dans les pays où les coûts de production sont inférieurs, y est aussi pour quelque chose. Ainsi, au cours des quelques dernières années, la chine a augmenté ses dépenses en capital à un rythme annuel effréné de plus de 30 % en 2003 et 2004, et à près de 25 % en 2005 et 2006 dans le but de s’outiller suffisamment (usines, infrastructure urbaine, de transport, etc.), afin de subvenir à la demande mondiale. Cette situation a créé une demande-choc pour l’acier, le béton, le cuivre, la machinerie lourde, les services de transports maritimes et le pétrole.Ce soubresaut de demande chinoise pour le pétrole ne reflète donc pas seulement l’accroissement de la demande domestique, mais aussi beaucoup la relocalisation en cours de la plateforme de production manufacturière mondiale.
- Investisseurs financiers. Observant l’appréciation du pétrole et des denrées en général et projetant un accroissement de la demande de pétrole et de l’incertitude géopolitique, les spéculateurs sont entrés en force et ont établi des positions record dans les marchés à terme du pétrole. Ces derniers sont habituellement dominés par les acheteurs et vendeurs industriels. Cette nouvelle source de demande de pétrole a été suivie par des investisseurs institutionnels, tels les caisses de retraite, qui ensemble ont injecté des milliards de dollars pour établir des positions à long terme dans des fonds de denrées.Le prix du pétrole reflète donc aujourd’hui aussi un élan d’enthousiasme ayant son origine dans des positions spéculatives importantes et dans un rajustement récent de portefeuille.
Pour revenir au graphique précédent, on peut donc expliquer pourquoi la capacité excédentaire de production de pétrole est demeurée si dangereusement basse entre les années 2003 et 2006, et pourquoi le prix du pétrole a connu une progression, pour ainsi dire, unidirectionnelle.
À mi-cycle en 2007.
Aujourd’hui, on commence à observer les conséquences d’une période prolongée de prix de pétrole élevés : pleine utilisation de la capacité de production, accélération des activités d’exploration et de construction d’usines de raffinage, rentabilité des projets où l’extraction est plus coûteuse (sables bitumineux canadiens), utilisation de l’éthanol, subventions pour les véhicules hybrides, réduction de l’utilisation des véhicules par certains usagers, rétablissement de la production iraquienne et modération du rythme de croissance économique global à la suite dubond fulgurant de la relance économique.
On remarque ainsi sur le graphique qu’au cours des douze derniers mois, il y a une augmentation marquée de la capacité excédentaire de production de pétrole. Même les inventaires de pétrole augmentent substantiellement tout au long de la chaîne de distribution. Assistons-nous présentement à une montée vers un sommet du prix du pétrole?
La conclusion semble assez claire. En effet, l’augmentation du prix du pétrole depuis 2003 est principalement due à la reprise économique mondiale. Cette montée du prix a profité d’une prime d’incertitude géopolitique qui tarde à s’atténuer et d’une prime spéculative de la part d’investisseurs financiers.
Sous un scénario d’une modération de l’économie mondiale à mi-cycle par rapport au rythme effréné des années précédentes, le prix du pétrole pourrait ainsi demeuré essentiellement stable au cours des cinq prochaines années, tandis que l’accroissement continu de la demande fondamentale remplacera progressivement la dissipation des primes d’incertitude et de spéculation.
Par contre, dans un scénario de ralentissement économique mondial important, on doit s’attendre à une correction majeure du prix du pétrole, car la pression de vente des positions des investisseurs financiers sur le prix du pétrole s’ajouterait à la réduction de la demande.
Le prix du pétrole reflète aujourd’hui l’ensemble des incertitudes et de la spéculation. Pour que le prix du pétrole puisse continuer d’augmenter, il ne faut pas simplement un maintien de l’environnement politico économique, mais de nouvelles sources de demande ou de nouvelles sources d’incertitude.
Parmi les nombreux articles de nature économique et financière publiés chaque année, certains s’avèrent particulièrement intéressants. Dans le texte qui suit, vous pourrez apprécier un article de M. Claude Picher, publié le 22 août 2006, dans la section Affaires de LA PRESSE.
TPS: l’erreur de Harper
L’ex-ministre libéral John McCallum, critique de l’opposition en matière de finances, vient de confirmer que son parti s’oppose à toute nouvelle baisse du taux de la TPS.
C’est une position qui risque de choquer les consommateurs. La TPS a été établie par le gouvernement de Brian Mulroney en 1991, au taux de 7 %. Elle remplaçait l’ancienne taxe de 13,5 % imposée sur les produits manufacturés, et qui était camouflée dans le prix de vente. Les électeurs canadiens ont très mal digéré la nouvelle taxe. On peut certainement penser que la déroute des conservateurs, en 1993, est due en bonne partie à l’impopularité de la TPS, d’autant plus que les libéraux de Jean Chrétien avaient promis de l’abolir. Une fois au pouvoir, ils s’en sont bien gardés, pour une raison assez simple: la TPS rapporte 30 milliards par année. Si on la supprime, on la remplace par quoi? Toujours est-il que les libéraux ne rempliront jamais leur promesse.
En revanche, les conservateurs de Stephen Harper ont promis de baisser le taux de la taxe à 6 % dès leur arrivée au pouvoir, et à 5 % à l’intérieur de leur mandat de quatre ans, s’ils parviennent à durer aussi longtemps. Contrairement aux libéraux, ils ont rapidement rempli la première partie de leur promesse.
M. McCallum ne tient pas à rétablir le taux de 7 % si son parti reprend le pouvoir, mais avertit les consommateurs qu’il n’est pas question de l’abaisser à 5 %.
Certes, la feuille de route des libéraux, dans ce dossier, est aussi incohérente que vaporeuse: après avoir patiné pendant des mois, ils ont fini par carrément renier leur promesse.
Malgré cela, M. McCallum a raison. La baisse de la TPS d’un point de pourcentage, qui coûte cinq milliards par année à Ottawa, est une erreur. Et on ne ferait qu’empirer la situation en la réduisant davantage.
Partout dans le monde, les administrations publiques tendent de plus en plus à taxer la consommation plutôt que le revenu.
Les taxes à la consommation, comme la TPS, s’appliquent directement à votre niveau de vie. Vous vous payez une Mercedes S550 à 118 000 $? Vous paierez 7100 $ de TPS (plus 9400 $ de taxe provinciale). Tant mieux si vous en avez les moyens. Mais si vous achetez une Honda Civic à 24 000 $, vous ne paierez que 1400 $ de taxe fédérale et 1900 $ de taxe provinciale. Grosse voiture, grosses taxes.
Or, le même raisonnement ne s’applique pas pour les impôts sur le revenu. Certes, la progressivité du régime fiscal fait en sorte que plus votre revenu augmente, plus vous grimpez dans les fourchettes d’imposition. Ainsi, si votre revenu imposable est de 25 000 $, votre taux d’imposition, au fédéral comme au provincial, est de 16 %. Mais si votre revenu imposable est de 250 000 $, ces taux passent à 29 % et 24 % respectivement. Toutes proportions gardées, les riches paient donc plus d’impôts sur leur revenu imposable. Or, les contribuables à revenus élevés disposent généralement d’une plus grande marge de manoeuvre pour réduire leur revenu imposable.
Avec un revenu de 25 000 $, il ne vous reste pas grand-chose pour contribuer à un REER, investir sur le marché boursier, déclarer des dividendes ou réaliser des gains en capital.
D’autre part, l’impôt sur le revenu est une des meilleures façons de décourager les gens de travailler. Plus vous travaillez, plus vos revenus augmentent, plus vous progressez dans les fourchettes d’imposition, plus vous payez d’impôts.
Ce problème ne se pose pas avec les taxes à la consommation: plus vous dépensez (et donc, présumément, plus vous êtes riche), plus vous payez de taxes sur vos achats. Même le mafioso qui se paie un repas de grand luxe au restaurant doit payer sa TPS et sa TVQ.
Certes, les taxes à la consommation sont, par définition, régressives, c’est-à-dire qu’elles défavorisent les consommateurs à faibles revenus. Vous achetez une chemise à 60 $? Vous paierez exactement le même montant de taxe, que vous gagniez 200 000 $ ou 20 000 $ par année. Toutefois, cet obstacle peut facilement être contourné avec des crédits d’impôt à l’intention des ménages à faibles revenus.
L’impôt sur le revenu comporte une foule d’échappatoires. Il est lourd et coûteux à administrer. Il décourage le travail et contribue à freiner les gains de productivité. En revanche, les taxes à la consommation sont faciles à appliquer et contribuent à diminuer l’évasion fiscale.
Dans ces conditions, on comprend que la majorité des pays, partout dans le monde, se dirigent vers un régime fiscal où on taxe de plus en plus la consommation, et de moins en moins les revenus. Les taxes à la consommation représentent la principale source de revenus fiscaux dans 21 des 30 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui regroupe pour l’essentiel des pays industrialisés.
Le Canada est un des neuf pays où l’impôt sur le revenu des particuliers demeure la principale source de revenus. L’impôt sur le revenu des particuliers représente 35 % des revenus fiscaux du Canada, contre une moyenne de 26 % dans les pays de l’OCDE. Les chiffres correspondants, pour les taxes à la consommation, sont de 26 % et 32 %.
Ces données sont les plus récentes disponibles, mais elles datent de trois ans. On peut avancer sans aucun doute que l’écart entre le Canada et les autres pays industrialisés a continué de se creuser depuis, surtout avec la baisse de la TPS. Autrement dit, Stephen Harper, avec ses baisses de TPS, nage clairement à contre-courant de ce qui se fait ailleurs.
En ce sens, les libéraux, en disant qu’ils maintiendraient la TPS à 6 %, ne gagneront probablement pas de concours de popularité, mais sur le fond de la question, il est clair que leur position est plus sensée.
- Petite capitalisation
- Grande capitalisation
- Style valeur
- Style croissance
- Un peu de chacune
- Aucune de ces réponses
Les marchés boursiers sont composés de titres variés que l’on regroupe par caractéristiques principales pour analyser les facteurs les plus influents sur leur rendement. Ainsi, il y a d’une part les titres dits de petite capitalisation (car la valeur de l’entreprise est plus petite) que l’on compare aux titres de grande capitalisation, et d’autre part les titres de style valeur (dont l’entreprise est plus mature, les revenus et dividendes sont plus stables et dont les cours en bourse sont moins volatils) que l’on compare aux titres de style croissance.
Les experts recommandent de plus en plus d’investir dans les titres de petite capitalisation et dans ceux de style valeur. Ces idées d’investissement gagnent en popularité du fait que ces titres affichent de meilleurs rendements que les titres comparables depuis plus de cinq années consécutives.

La figure 1 illustre le rendement relatif des titres de petite capitalisation, représentés par l’indice des titres américains S&P 600, relativement aux 5 000 titres les plus importants du marché américain, représentés par l’indice Wilshire 5000. Lorsque la ligne du graphique est haussière, comme c’était le cas dans la période de 1999 à 2006, un investisseur obtient de meilleurs rendements en détenant des titres de petite capitalisation plutôt que de l’ensemble du marché boursier.
La figure 1 met d’abord en évidence que, depuis plus de 25 ans, les titres de petite capitalisation offrent essentiellement le même rendement que ceux e l’ensemble du marché boursier, bien que l’on retrouve des cycles à l’intérieur de cette longue période où les rendements diffèrent substantiellement.
Ensuite, on remarque que les titres de petite capitalisation devancent substantiellement leur contrepartie au cours des années qui suivent le creux des récessions. Sur le graphique, la courbe est fortement haussière après 1980, 1990 et 2001.
La raison de l’excellente performance des titres de petite capitalisation durant ces périodes tient d’abord du fait que ce sont, par définition, des titres plus volatils, de compagnies moins matures, dont le plan d’affaires et les revenus reposent sur la commercialisation de biens et services moins diversifiés, dans des marchés plus restreints et dont le bilan est relativement plus faible.
Donc, lorsque la fin d’un cycle économique se transforme en récession, les titres de petite capitalisation sont les plus durement touchés. Par conséquent, lorsque les banques centrales abaissent leurs taux d’intérêt de manière expansionniste pour relancer les économies, que la demande reprend et que les investisseurs reprennent goût au risque, les titres les plus sensibles à la relance économique sont ces mêmes titres de petite capitalisation.
Cependant, cinq années ont maintenant passé depuis la dernière récession et, suivant le succès de la relance économique mondiale, les banques centrales ont ajusté leur politique monétaire de vivement expansionniste à plutôt neutre. Donc, pendant que le rythme de croissance économique mondial ralentit en s’ajustant à ces nouvelles conditions monétaires, que l’accès au capital devient plus onéreux et difficile pour les entreprises moins bien assises, ce sont les titres de grande capitalisation qui commencent à afficher des rendements relatifs supérieurs.
Les grandes entreprises sont comparativement moins sensibles au coût et à la réduction que la quantité de capital disponible, et leur plus grande diversification commerciale et étendue géographique leur permettent de mieux assurer la progression de leur chiffre d’affaires.
L’essentiel n’est donc pas de savoir si les titres de petite capitalisation constituent un meilleur ou un pire investissement que ceux de l’ensemble du marché boursier, mais plutôt de reconnaître que leur attrait dépend du prix que l’on paie pour les acheter. Et il semble que de nos jours, les titres de petite capitalisation sont à un extrême de valorisation par rapport à leur vis-à-vis depuis vingt-cinq ans. Ainsi, la probabilité d’afficher de meilleurs rendements au cours des deux ou trois prochaines années favorise les titres de grande capitalisation.
On observe aussi aujourd’hui d’ailleurs un extrême de valorisation entre les titres de style valeur par rapport à ceux de style croissance.

La figure 2 suggère de nouveau que sur les 25 dernières années, les investisseurs défensifs détenant des titres de style valeur et les investisseurs agressifs avec des titres de croissance, ont obtenu essentiellement le même rendement.
Durant la période de 1998 à 2000, les personnes et les entreprises ont accéléré l’adoption d’Internet dans leurs pratiques commerciales, beaucoup d’investissements ont eu lieu en prévoyance du bogue de l’an 2000, mais surtout plusieurs disaient alors qu’il y avait un miracle de productivité, que l’on avait battu l’inflation et le caractère cyclique de l’économie. Tous préféraient les titres de croissance et on peut clairement voir l’appréciation de ces titres par rapport à ceux de style valeur sur le graphique.
Depuis, il y a eu la récession américaine, l’éclatement de la bulle spéculative des titres de technologie, les scandales financiers, les attentats terroristes. Tous les événements ont fait croire à bien des économistes que les entreprises seraient bien hésitantes à créer de l’emploi et à investir, que la relance serait difficile à engendrer et qu’il y avait même un risque sérieux de baisse généralisée des prix à la consommation (déflation).
Dans un tel contexte, qui voudrait investir dans des entreprises qui réinvestissent leur précieux capital pour mettre au point de nouveaux produits ou marchés? Les investisseurs étaient clairs : ils privilégiaient les sociétés qui retournaient de préférence leurs profits aux actionnaires sous forme de dividendes.
Les années 2001 à 2006 montrent ainsi le phénomène d’entraînement qui s’est instauré dans l’esprit des investisseurs. On achète des titres de style valeur par prudence parce qu’ils sont moins volatils et parce qu’ils donnent de gros dividendes. En principe, c’est raisonnable. Mais quel est le prix que l’on paie pour les actions qui offrent ces caractéristiques?
La figure 2 nous montre que relativement aux titres de croissance, les titres de style valeur sont essentiellement à leur prix le plus cher depuis 25 ans.
En réalisant que le cycle économique est bien durable, qu’il n’y a pas de risque de récession imminent, que la santé financière des consommateurs, des entreprises et des gouvernements est saine, que les occasions d’augmenter la productivité par l’entremise d’acquisitions et de sous-traitance partout dans le monde sont abondantes, la probabilité d’avoir de meilleurs rendements au cours des deux ou trois prochaines années semble donc plus élevée avec les titres de style croissance.
En terminant, même si l’on entend aujourd’hui plusieurs observateurs recommander l’achat de titres de petite capitalisation et de titres de style valeur, nous croyons qu’il y a lieu d’être prudent à cet égard puisqu’il faut continuer de toujours prendre en compte d’autres facteurs comme sa tolérance au risque, son horizon de placement et l’ensemble de son portefeuille avant de faire un choix d’investissement.
Cet article complète celui du mois dernier.
Contribution économique — Secteur privé
Depuis une quinzaine d’années (tableau 1), les économies de la Chine et de l’Inde ont maintenu les contributions respectives des différents agents à la croissance économique.

Malgré le régime centralisateur communiste chinois, la proportion du PIB consommée par le gouvernement ne représente que 12 % de la demande interne, tout comme en Inde et au Canada.
Par contre, ce sont les investissements (infrastructures, énergie, transport, communication, gestion de l’eau, etc.) qui distinguent la Chine de l’Inde, avec un rythme de croissance spectaculaire qui stimule d’autant les gains de productivité manufacturière qui la caractérisent. Cette abondance de capitaux disponibles est possible grâce au taux d’épargne de plus de 40 % du PIB dont jouit la Chine depuis une quinzaine d’années et qui a des effets multiplicateurs sur le rythme de croissance économique.
Pour sa part, le taux d’épargne en Inde s’est maintenu à la moitié du taux chinois, soit autour de 20 %, au cours de cette même période. Étant donné la disponibilité moindre des capitaux, les politiques économiques ont plutôt favorisé les détenteurs de ces mêmes capitaux (en élevant des barrières à la concurrence, comme l’allocation de permis et de quotas) au détriment de l’atteinte d’un rythme de croissance plus élevé.
Par conséquent, la demande intérieure de l’Inde est dominée par le secteur de la consommation privée, c’est-à-dire des ménages qui consomment des biens durables ou non, secteur qui subit l’influence à son tour de l’accroissement du revenu disponible de la population (baisses d’impôt, augmentation des salaires et des revenus de placement).
Contribution économique — Régimes politiques
Plusieurs observateurs dénoncent le non-respect des libertés individuelles en Chine et reconnaissent le régime démocratique de l’Inde. Il n’en demeure pas moins que le pouvoir central chinois constitue la clé d’une croissance rapide soutenue, tandis que le modèle démocratique indien s’avère un fardeau important pour la croissance économique du pays.
Plus précisément, la détermination des autorités politiques chinoises à développer le pays, économiquement et financièrement, a fait en sorte de favoriser des politiques macroéconomiques, comme les expérimentations régionales avec le système capitaliste, la direction du développement infrastructurel et économique des différentes régions ainsi que l’allègement de la réglementation sur le commerce externe.

Croissance ou profits ?
Il y a souvent confusion entre croissance économique et croissance boursière. Un système juridique efficace qui soutient le respect des contrats, assorti d’une contrainte de capitaux, peut permettre aux entreprises concurrentielles de produire de protéger des profits des plus considérables.
Toutefois ces ingrédients ne sont pas nécessaires pour la croissance économique d’un pays en voie de développement. L’expérience chinoise prouve qu’il est possible de diriger une croissance économique rapide en créant des marchés de consommation efficaces et en investissant de façon importante dans les infrastructures. La croissance chinoise est due à la canalisation efficace du fort taux d’épargne en investissements. Cet état de fait solidement établi continuera d’attiser un rythme de croissance accéléré tout au long de la prochaine décennie, indépendamment des progrès relatifs à la protection des droits de la personne, au système juridique ou à la libéralisation des marchés financiers.
Contrairement à la Chine, l’Inde compte un nombre important de très grandes entreprises privées, cotées en Bourse et oeuvrant dans un marché international très concurrentiel. La Chine ne possède pas de telles entreprises, ses plus importantes étant des sociétés d’État. Souvent alourdies par la main-d’œuvre et les dettes, ces dernières n’ont pas nécessairement comme objectif la maximisation des bénéfices, car elles sont plutôt préoccupées à accroître leurs revenus. En effet, plus l’entreprise est grande et emploie un nombre élevé de personnes, plus elle est susceptible de bénéficier de l’appui de l’État lorsqu’elle est en difficulté. Les sociétés privées tendent alors à être beaucoup plus petites, à fonctionner avec des marges bénéficiaires des plus minces et dans des marchés des plus concurrentiels; elles n’ont pas accès au financement des marchés des capitaux intérieurs ou internationaux.
Par conséquent, le rendement des actions en Bourse a généralement été plus élevé en Inde qu’en Chine et devrait continuer de l’être.
(Premier de deux articles)
Depuis longtemps, on parle de l’intégration, dans l’échiquier mondial, de ces deux économies géantes de par leurs populations, mais si différentes de par leurs institutions, leurs infrastructures et leurs marchés financiers.
En raison de l’importance du sujet, l’intégration de ces deux pays dans les dynamiques commerciales et financières mondiales occupe une grande place dans les discussions des investisseurs, non seulement du fait de l’entrée de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et du boom technologique de la dernière décennie, mais également en raison de l’afflux de liquidités et de l’enthousiasme (peut-être même un peu euphorique) que suscitent les titres de ces pays.
Bien que la Chine affiche un rythme de croissance réelle moyenne de son économie de près de 10 % depuis une vingtaine d’années (rythme d’ailleurs plus rapide que celui de l’Inde au cours de la même période qui s’élève à 5 %), cette croissance n’équivaut pas nécessairement à un meilleur rendement sur le parquet de la Bourse.
Performance boursière
Les tableaux 1 et 2 illustrent en effet le rendement des Bourses de la Chine, de l’Inde et de l’ensemble des pays en voie de développement, cumulativement depuis 1992 et depuis le creux des marchés boursiers, en 2002. Depuis 1992, la Chine a accumulé un retard important face à la plupart des pays émergents; depuis 2002, elle n’atteint que le rendement moyen de l’ensemble de ces pays, ce qui la positionne bien loin derrière la Bourse indienne.


Pourquoi cette différence entre les performances de l’économie et de la Bourse de ces pays?
Contribution économique — secteur agricole
Il faut d’abord garder en perspective que la Chine et l’Inde sont deux pays en voie de développement et que l’origine de leurs croissances économiques respectives est différente de celle des pays industrialisés.
Au cours du vingtième siècle, ces derniers ont vu leurs économies passer d’un fondement manufacturier à un fondement de services. Aujourd’hui, par exemple, plus de 65 % du PIB du Canada repose sur la prestation de services. Cette transformation a réduit considérablement la volatilité du cycle économique, car l’accumulation et la liquidation d’inventaires et de main-d’œuvre accentuaient l’amplitude des récessions et des expansions.
De la même façon, une économie fondée davantage sur le secteur agricole est encore plus volatile qu’une économie manufacturière, mais surtout plus imprévisible, car elle dépend plus des aléas des conditions météorologiques et des récoltes.
Au cours des 15 dernières années (voir le tableau 3), la Chine a fait plus de progrès que l’Inde pour réduire la proportion de son économie fondée sur l’agriculture. Toutefois, l’Inde a toujours préservé, depuis cette période, un avantage marqué, en raison de la proportion de son produit intérieur provenant du secteur des services.

Par conséquent, l’économie chinoise est aujourd’hui très liée au cycle de la demande mondiale des biens manufacturés, étant donné que plus de 53 % de son PIB est lié au secteur de l’industrie; de son côté, l’économie de l’Inde est moins sensible à ce même cycle, mais plus dépendante de la température.
Dans le prochain texte, nous aborderons les contributions du secteur privé et des régimes politiques ainsi que les composantes de la croissance économique de ces deux pays.