Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Septembre 2025
Contexte économique
On constate, au troisième trimestre 2025, un certain apaisement des tensions commerciales entre les États-Unis et ses partenaires commerciaux. Des accords partiels ont même été conclus, avec l’Europe, le Japon et le Royaume-Uni. Les effets des tarifs réciproques sur l’économie ont été mitigés puisque de nombreux biens constituent des exceptions aux tarifs. C’est le cas notamment pour une grande partie des importations américaines en provenance du Canada et du Mexique.
Dans un premier temps, les marchés financiers ont réagi fortement au retour des tarifs réciproques en début d’août. Puis, progressivement, l’optimisme des investisseurs est revenu, soutenu par l’apaisement des tensions, les résultats financiers satisfaisants et la perspective du retour des baisses du taux directeur.
La modération de la demande intérieure et les révisions à la baisse du nombre de nouveaux emplois des mois précédents ont assombri les perspectives de l’économie américaine. Ce contexte a incité la Réserve fédérale américaine (la Fed) à abaisser son taux directeur de 0,25 % lors de sa rencontre du 17 septembre.
L’économie canadienne tourne au ralenti. Le marché de l’emploi souffre des répercussions des tarifs : plus de 60 000 emplois manufacturiers ont disparu depuis janvier 2025. Le taux de chômage a augmenté à 7,1 %. Cette situation se traduit également par la baisse des ventes des détaillants. Les dépenses de consommation au Canada sont notamment affectées par l’incertitude entourant les tarifs, la hausse du chômage, l’augmentation des coûts hypothécaires liés aux renouvellements à venir et le ralentissement de la croissance démographique. Ce contexte a également incité la Banque du Canada à abaisser son taux directeur de 2,75 % à 2,50 %.
En zone euro, la croissance économique a ralenti au cours de l’été, sans s’arrêter toutefois. Au cours de l’été, on a même observé une hausse de la production industrielle en Allemagne. Par ailleurs, la faiblesse des dépenses de consommation reflète le faible niveau de confiance des consommateurs européens. Des tensions politiques, surtout en France, fragilisent les perspectives de croissance.
Au cours de l’été 2025, l’économie chinoise a perdu de son élan. Le niveau des exportations s’est maintenu grâce à des efforts de diversification vers d’autres pays que les États-Unis. On observe toutefois un ralentissement de l’activité économique dans le secteur manufacturier, le commerce de détail et les investissements. À cause des tarifs douaniers imposés par l’administration américaine, la croissance dans ces secteurs de l’économie chinoise est au plus bas depuis près de 12 mois.
Le prix du baril de pétrole a oscillé entre 62 $ US et 65 $ US pendant la majorité du trimestre. À la suite de pressions du président Trump sur son homologue russe en lien avec la guerre contre l’Ukraine, il a grimpé brièvement à 70 $ US fin juillet pour redescendre rapidement. En septembre, l’OPEP a annoncé une augmentation de sa production. En conséquence, le prix du baril a baissé autour de 62 $ US et a terminé le trimestre plus près de 65 $ US.
Politique monétaire et titres à revenu fixe
Lors de sa réunion du 17 septembre, la Banque du Canada a opté pour une baisse du taux directeur, la première depuis mars 2025. Le gouverneur Tiff Macklem a mentionné trois éléments pour justifier cette décision : la faiblesse de l’emploi, l’atténuation des pressions haussières sur certains indicateurs d’inflation et la levée de la majorité des tarifs de représaille imposés au Canada. La Banque n’a pas donné d’indication sur d’autres baisses à venir. La situation sera analysée à la lumière de l’évolution des données économiques.
La Réserve fédérale américaine a longuement hésité avant de procéder à une baisse de son taux directeur. Depuis le début de l’année, malgré l’incertitude générée par la guerre commerciale, l’économie américaine faisait preuve d’une résilience étonnante. En même temps, les tarifs ne semblaient pas avoir d’effet important sur l’inflation. Cette situation a changé au cours de l’été. Non seulement les données sur l’emploi ont été inférieures aux prévisions, mais les statistiques des mois précédents ont été révisées à la baisse. Dans ce contexte, les investisseurs ont salué le message d’ouverture à des baisses de taux livré le 22 août par le président de la Fed, Jerome Powell, lors du Symposium annuel de politique économique de Jackson Hole. La Fed a effectivement décidé, lors de sa réunion du 17 septembre, d’abaisser le taux directeur de 0,25 %. Les investisseurs s’attendent à deux autres baisses d’ici la fin de 2025.
En Europe, la Banque centrale européenne a laissé son taux inchangé. La Banque d’Angleterre a diminué le sien de 0,25 % en août et l’a maintenu en septembre. La décision de la Banque d’Angleterre vise à stimuler la croissance de manière prudente puisque le taux d’inflation à 3,8 % est près du double du niveau cible de 2 %.
Pendant le troisième trimestre, les taux obligataires canadiens ont légèrement baissé. Les taux des obligations du Canada ayant une échéance de 10 ans sont passés de 3,27 % à 3,23 %. Le gouvernement fédéral déposera un budget le 4 novembre prochain. Au moment d’écrire ces lignes, il semble que le déficit budgétaire pourrait être près du double de celui de l’an dernier. Cela pourrait mettre une légère pression à la hausse sur les taux des obligations de longues échéances. Les taux des obligations plus courtes devraient toutefois continuer d’être influencés par la politique de la Banque du Canada.
Durant le troisième trimestre de 2025, le dollar canadien est resté relativement stable. Il termine le trimestre autour de 0,72 $ US.
Marchés boursiers
Au troisième trimestre, les marchés boursiers ont généralement connu de fortes hausses. Plusieurs indices ont touché sommet après sommet jusqu’à la fin du trimestre. C’est notamment le cas du marché américain. Les investisseurs y ont vu un potentiel important compte tenu des perspectives de baisses du taux directeur. En outre, les politiques de l’administration à l’égard des entreprises, notamment en ce qui concerne l’amortissement des dépenses en recherche et développement effectuées aux États-Unis, pourraient, selon plusieurs investisseurs, avoir des effets bénéfiques sur les résultats financiers des sociétés américaines.
« Le marché boursier canadien a également connu un très bon trimestre. Son rendement a dépassé celui des grandes capitalisations américaines. »
Le marché boursier canadien a également connu un très bon trimestre. Son rendement a dépassé celui des grandes capitalisations américaines. L’indice S&P/TSX a notamment profité de la hausse du prix de l’or. Rappelons que les titres des sociétés aurifères ont un poids important dans l’indice canadien S&P/TSX.
Le retour de l’optimisme des investisseurs boursiers a également été profitable aux actions canadiennes de petite capitalisation. Le rendement trimestriel de cette classe d’actif a dépassé celui des actions de grande capitalisation et a atteint près du double de celui de l’indice américain S&P 500.
Pour leur part, les marchés boursiers émergents ont profité de la bonne performance des titres de technologie. Le marché boursier chinois, qui constitue environ 30 % de l’indice MSCI Marchés émergents, a progressé d’environ 15 % au cours du troisième trimestre.
À l’horizon
Au troisième trimestre, l’atténuation des tensions commerciales a contribué au regain d’optimisme des investisseurs. Il semble en effet que les droits de douane réciproques annoncés en avril ne seront pas appliqués tels quels et feront généralement l’objet de révisions à la baisse. Ainsi, le taux tarifaire effectif appliqué par les États-Unis devrait être entre 10 et 12 %. Néanmoins, le mal est déjà fait et la baisse du niveau de confiance des entreprises et des consommateurs a déjà un effet sur la croissance économique.
Afin de stimuler la croissance, les banques centrales devraient donc continuer à abaisser leur taux directeur, comme l’ont fait la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine en septembre, toutes deux se disant préoccupées par la faiblesse de l’emploi. Il s’agit d’un indicateur significatif pour les perspectives de croissance des investissements et de la consommation. Les banques centrales doivent toutefois tenir compte d’un autre élément important dans leurs décisions de politique monétaire : l’inflation. Or, les tarifs douaniers imposés au cours des derniers mois et les pressions salariales contribuent à maintenir l’inflation élevée limitant donc la latitude des banques centrales à abaisser les taux.
Les investisseurs espérant des baisses importantes de taux directeurs au cours des prochains mois pourraient bien être déçus. Nous croyons plutôt que les taux directeurs continueront d’être abaissés, mais de façon modérée.
L’économie mondiale devrait donc connaître un ralentissement de son rythme de croissance, mais éviter une récession. En parallèle, le taux d’inflation, au Canada comme aux États-Unis, devrait augmenter légèrement. Pour compenser la hausse du taux d’inflation, les taux obligataires augmenteront légèrement.
Le ralentissement de la croissance économique limitera les investissements des entreprises. Au cours des 12 à 18 prochains mois, la croissance de leurs bénéfices sera limitée.
Dans ce contexte, nous maintenons, dans les portefeuilles équilibrés qui le permettent, une exposition réduite aux obligations canadiennes et aux actions américaines et internationales. En contrepartie, notre exposition aux actions canadiennes est supérieure à la cible et nous conservons une portion importante du portefeuille en liquidités. Les actions canadiennes offrent généralement un potentiel de rendement intéressant lors des périodes d’inflation.