Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Septembre 2020
Contexte économique
Après un freinage brusque, l’économie mondiale a fortement rebondi au troisième trimestre. Le déconfinement s’est poursuivi, quoiqu’à vitesse variable, dans l’ensemble des économies développées.
L’optimisme des consommateurs et des chefs d’entreprise a été alimenté par la réouverture progressive de l’économie et par le soutien exceptionnel fourni par les banques centrales et les gouvernements du monde entier.
Au cours de l’été, on a cependant observé un certain ralentissement dans la progression des emplois. Il est devenu clair que le rythme de croissance de l’économie mondiale allait maintenant être plus modéré. Après le rebond du déconfinement, on entame une longue période de récupération.
Aux États-Unis, la COVID-19 s’est déplacée vers les États du sud. Cela a entraîné un retard dans le déconfinement dans plusieurs États. Par ailleurs, les deux grands partis n’ont jamais pu s’entendre sur un nouveau programme de soutien qu’ils souhaitaient déployer à la fin de l’été. D’ailleurs, à quelques semaines du scrutin du 3 novembre, la campagne électorale bat son plein et le résultat pourrait être serré. Le président Trump menace de contester les résultats. À cette incertitude électorale, s’ajoutent plusieurs facteurs de stress : les feux de forêt dans l’ouest, les tempêtes dans le sud et les tensions sociales un peu partout au pays en sont quelques exemples.
Au Canada, la vigueur de l’économie s’est maintenue. Plus de 75 % des emplois perdus au début de la pandémie ont été récupérés. Les mesures de soutien, telles que la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et la Subvention salariale d’urgence ont été maintenues jusqu’à la fin de septembre. Certaines de ces mesures seront même en vigueur jusqu’à l’été 2021.
Au Canada comme aux États-Unis, les autorités des banques centrales ont profité des tribunes qui leur ont été données pour répéter que les programmes de dépenses des gouvernements devaient se poursuivre. Les leviers dont disposent les banques centrales, comme les baisses de taux et les achats de titres sur les marchés, ne sont pas suffisants pour assurer un retour durable à la croissance.
À cet égard, en juillet, les leaders de l’Union européenne ont adopté un programme de soutien économique historique de 750 milliards. Ce fonds de relance sera alimenté par des emprunts à grande échelle de la Commission européenne sur les marchés, une opération inédite. Sous le leadership de la France et de l’Allemagne, ce programme est le fruit d’intenses négociations entre les pays membres. Parmi les pays les plus touchés par laCOVID-19, l’Italie et l’Espagne seront les premiers bénéficiaires du programme d’aide. Son approbation par les pays membres a contribué à l’appréciation de l’euro sur les marchés.
Au troisième trimestre, la croissance chinoise a alimenté la reprise de l’économie mondiale. Les autorités gouvernementales du pays ont été en mesure de limiter la propagation du coronavirus et ainsi alléger les pressions sur les entreprises. De plus, les mesures de soutien adoptées par la banque centrale et le gouvernement ont aussi contribué à la relance de la deuxième économie mondiale. Selon les récents indicateurs, il semble que la reprise économique de la Chine soit bien ancrée. La demande nationale est de plus en plus forte et la réouverture progressive des économies étrangères devrait stimuler la demande extérieure pour les biens chinois.
Au cours du trimestre, le regain d’appétit pour le risque a entraîné une baisse du dollar américain. L’euro a été favorisé par cette baisse ainsi que par l’augmentation du programme d’achat de titres de la Banque centrale européenne (BCE) et des mesures de stimulation mentionnées précédemment. La force de l’euro pose un défi supplémentaire à la croissance.
En juillet, le prix de l’or, la faiblesse du dollar américain et la reprise de la demande de la part des pays asiatiques ont d’ailleurs été favorables à l’ensemble des ressources naturelles. Ainsi, l’or a franchi la barre des 1 800 $ US l’once pour la première fois depuis 2011 et le prix du baril de pétrole s’est maintenu autour de 40 $ US. Les stocks de cuivre ont connu une importante baisse, ce qui a fait grimper son prix.
Politique monétaire et titres à revenu fixe
Les banques centrales à travers le monde ont maintenu leurs mesures de soutien à la croissance. Les taux d’intérêt sont demeurés au niveau minimal et les programmes d’achat de titres sur les marchés se sont poursuivis. Dans certains pays, on a même décidé d’augmenter le volume des achats de titres. Ces derniers permettent de maintenir la liquidité sur les marchés financiers et d’abaisser les coûts d’emprunt pour les gouvernements, les entreprises et les particuliers.
Durant le troisième trimestre, la Réserve fédérale américaine (Fed) a procédé à une grande refonte de son cadre de politique monétaire en annonçant une cible d’inflation moyenne de 2 % sur le long terme. En d’autres mots, elle tolérera, à l’occasion, un taux d’inflation plus élevé que 2 %. En conséquence, les investisseurs ont révisé à la hausse leurs prévisions d’inflation. Le taux d’équilibre d’inflation pour 10 ans a augmenté à 1,8 %, un niveau comparable à celui affiché avant la pandémie.
La Fed a répété son intention de maintenir les taux d’intérêt de court terme à leur niveau actuel pour une longue période de temps. En conséquence, la pente de la courbe des taux s’est accentuée.
Sur les marchés obligataires, le fait marquant du troisième trimestre a été la diminution des écarts de taux entre les titres du gouvernement fédéral et ceux des provinces et des sociétés. En effet, l’optimisme des investisseurs devant la vigueur de la reprise et l’espérance d’un « retour à la normale » les a incités à augmenter le niveau de risque de leurs portefeuilles obligataires afin d’en bonifier le rendement. Ce faisant, la demande pour les titres de sociétés a augmenté, ce qui a contribué à abaisser les écarts de taux.
Marchés boursiers
Les marchés boursiers ont également été soutenus par l’amélioration des perspectives économiques et l’espoir du développement rapide d’un vaccin.
Dans le contexte de la COVID-19, les analystes boursiers avaient abaissé leurs attentes relatives aux bénéfices réalisés durant le deuxième trimestre. Lorsque ces résultats financiers ont été publiés, en juillet et août, les bénéfices de 80 % des entreprises américaines se sont avérés supérieurs aux attentes. Ceux des sociétés de technologie se sont particulièrement démarqués. Cela a soutenu les cours boursiers une grande partie du trimestre. La progression des titres de technologie a permis au marché américain de surpasser les indices canadiens et mondiaux.
Nombre d’investisseurs ont cherché à investir dans des titres susceptibles de tirer profit des grands changements induits par la pandémie. C’est pourquoi les titres touchant de près ou de loin au commerce en ligne, au télétravail ou à la télémédecine ont connu une progression importante.
Forts de l’optimisme des investisseurs, plusieurs indices boursiers ont regagné au cours de l’été le terrain qu’ils avaient perdu lors de la chute des marchés en mars. Le trimestre s’est toutefois terminé sur une vague de prise de profits, notamment sur les titres de technologie. En septembre, la recrudescence du nombre de nouveaux cas de COVID-19, la montée des tensions sociales aux États-Unis et la possibilité d’une contestation du résultat des élections américaines ont également contribué au retour de la tension sur les marchés boursiers.
À l’horizon
Après une croissance économique exceptionnelle au cours de l’été 2020, on peut s’attendre à une progression plus lente au cours des prochains trimestres. Le rythme de croissance dépendra notamment des progrès réalisés dans la recherche d’un vaccin et de la nécessité de maintenir des mesures de confinement pour endiguer la deuxième vague de COVID-19.
Nous sommes d’avis que les recherches médicales connaîtront du succès et qu’un vaccin sera disponible dans un horizon relativement rapproché. Cela devrait permettre aux autorités de prendre le contrôle sur la propagation du virus.
Ainsi, les investisseurs et les chefs d’entreprise retrouveront confiance. Par conséquent, les investissements des entreprises, qui ont marqué une pause dans plusieurs secteurs de l’économie, reprendront de plus belle.
Les efforts des gouvernements visant à combler les pertes de revenus causées par la paralysie des activités économiques ont porté leurs fruits. Ces mesures pourront être progressivement éliminées lorsque la croissance aura repris un rythme de croisière.
Un tel contexte est nettement plus favorable aux actions et aux actifs réels qu’aux obligations. L’évaluation des actions canadiennes est actuellement plus attrayante que celle des autres marchés. Elles pourraient profiter du contexte de réinflation et de la demande accrue pour les ressources naturelles que l’on devrait observer avec le retour de la croissance de l’économie mondiale. La faiblesse soutenue du dollar américain devrait aussi leur être favorable.