/  31 mars 2023

Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Mars 2023

Contexte économique

L’année 2023 a démarré sur des espoirs d’atterrissage en douceur pour l’économie mondiale. Globalement, l’inflation semble évoluer dans la bonne direction, lentement, mais sûrement. Si l’on creuse un peu, on constate que la rareté de main-d’œuvre et l’augmentation importante du coût de la vie incitent les travailleurs à espérer, voire à exiger des hausses de salaire importantes. Par conséquent, cela affecte les coûts des entreprises et retarde la baisse de l’inflation. Les autorités monétaires en sont préoccupées.

L’économie américaine a fait preuve d’une grande résilience en ce début de 2023. Cela a mis la pression sur la Réserve fédérale américaine (Fed) pour qu’elle appuie davantage sur les freins. Cette vigueur étonnante de l’économie américaine s’est reflétée sur la création de plus de 517 000 emplois en janvier et 311 000 en février. Le taux de chômage est descendu à 3,4 %, son plus bas niveau depuis 1969. La hausse des salaires a permis aux consommateurs de continuer à dépenser et les ventes au détail ont connu leur plus forte croissance depuis près de deux ans. Ces bonnes nouvelles économiques ont pourtant été mal reçues par les marchés financiers. Elles pourraient inciter la Fed à augmenter les taux davantage que prévu et à les maintenir plus longtemps afin de refroidir l’économie et de contenir l’inflation.

En fin de trimestre, les autorités politiques et monétaires, les clients et investisseurs ont été foudroyés par la réalité, c’est-à-dire la faillite de deux banques régionales aux États-Unis et la reprise du géant Crédit Suisse par son concurrent UBS. Ces événements sont des conséquences indirectes des hausses de taux d’intérêt des 12 derniers mois. Les autorités politiques et les banques centrales sont rapidement intervenues afin de convaincre l’ensemble des parties prenantes qu’il ne s’agissait pas d’une crise similaire à celle de 2008.

Au Canada, les indicateurs économiques pointent généralement vers une hausse du PIB au premier trimestre de 2023. Après avoir subi un ralentissement au cours de l’automne 2022, la production et l’exportation de produits pétroliers rebondissent. Les ventes d’automobiles se sont également poursuivies à un rythme soutenu malgré les hausses des prix et des taux d’intérêt. C’est le secteur immobilier qui est le plus frappé par les hausses de taux. Après avoir observé une diminution du nombre de propriétés vendues et une baisse des prix, on assiste maintenant, sans surprise, à un recul des mises en chantier résidentielles. Devant le ralentissement des secteurs sensibles aux taux d’intérêt, la Banque du Canada a clairement indiqué son intention de garder les taux stables au cours des prochains mois et de laisser le temps faire son œuvre. On espère ainsi que l’économie canadienne atterrira en douceur sans provoquer une récession importante pendant que l’inflation diminue progressivement.

En Europe, la contraction économique anticipée ne s’est pas matérialisée. On craignait en effet que les problèmes engendrés par la guerre en Ukraine affectent les revenus et la confiance des consommateurs. Après avoir fait du surplace au cours des derniers mois de 2022, l’économie de la zone euro a rebondi au premier trimestre de 2023. La hausse des exportations s’est ajoutée à une baisse des importations. De plus, la baisse des prix dans le secteur de l’énergie, attribuable à un hiver peu rigoureux, a contribué à la résilience de l’économie. Devant un taux d’inflation record de 5,2 % atteint en janvier, la Banque centrale européenne (BCE) a haussé ses taux de base de 0,5 % en janvier puis en mars. Notons que la situation est plus fragile au Royaume-Uni. L’économie britannique est déjà en récession et le taux d’inflation dépasse 10 %. En outre, la situation économique a commencé à provoquer des grèves dans plusieurs secteurs.

L’économie chinoise a commencé à bénéficier de l’abandon des restrictions liées à la COVID-19 décrétées en novembre 2022. La reprise de l’activité économique a été marquée du côté des services. Fin janvier, à l’occasion du Nouvel An lunaire, on a observé une forte augmentation des dépenses des consommateurs. Cette normalisation de l’activité économique est appuyée par des mesures de soutien à la croissance. La reprise pourrait donc se maintenir au cours des prochains mois.

Politique monétaire et titres à revenu fixe

Les banques centrales nord-américaines ont apprécié l’amélioration des statistiques d’inflation. En janvier, la Fed a procédé à une hausse plus modeste de 0,25 % de son taux directeur. Elle a toutefois indiqué que d’autres hausses étaient probables au cours des prochains mois. Ses dirigeants sont particulièrement préoccupés par les déséquilibres persistants sur le marché du travail. Ils craignent que la rareté de la main-d’œuvre continue de renforcer les pressions sur les salaires, et par ricochet, sur les prix des biens et des services.

L’économie américaine affiche une certaine résilience malgré la hausse de 450 points centésimaux des 12 derniers mois. Tôt ou tard, ce resserrement monétaire affectera plus durement l’activité économique. À titre d’exemple, le secteur de l’habitation est déjà touché. Les institutions financières ont resserré leurs conditions de crédit aux ménages et aux entreprises. Les difficultés récentes de plusieurs institutions financières et la faillite de la Silicon Valley Bank pourraient accélérer cette tendance, ce qui affecterait la croissance économique.

La relative fragilité du système bancaire a d’ailleurs incité la Fed à modérer son resserrement. Ainsi, le 22 mars, elle a haussé son taux directeur de seulement 0,25 %. La banque centrale américaine demeure attentive à l’évolution de l’inflation. Elle a d’ailleurs mentionné qu’un resserrement additionnel de la politique monétaire pourrait être approprié. Elle demeure particulièrement préoccupée par les hausses de salaires causées par le déséquilibre sur le marché du travail.

Pour sa part, la Banque du Canada a procédé à une hausse de 0,25 % en janvier et maintenu le statu quo à sa rencontre du 8 mars. Compte tenu du niveau d’endettement des ménages canadiens et de l’importance du secteur immobilier résidentiel dans notre économie, les hausses de taux d’intérêt se répercutent rapidement sur l’activité économique. C’est pourquoi la Banque du Canada a décidé de marquer une pause dans son resserrement monétaire.

En Europe, où l’inflation est nettement plus élevée, la BCE a haussé ses taux d’un total de 1 % durant le premier trimestre. Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a haussé son taux directeur de 0,5 % en février, puis de 0,25 % le 23 février. Il faut dire que le Royaume-Uni flirte avec la récession, ce qui a incité les autorités à mettre la pédale douce.

Avec en toile de fond les statistiques sur l’inflation ainsi que les décisions des banques centrales et les difficultés de plusieurs institutions bancaires, les marchés obligataires ont connu un trimestre de fortes fluctuations. La tendance du marché n’était pas claire. Si une tendance se démarque, c’est l’élargissement des écarts de taux provoqué par les difficultés du secteur bancaire. Les investisseurs ont estimé que la perspective de récession augmentait les risques de défaut de certaines obligations de sociétés. Ils ont donc cherché refuge dans les titres gouvernementaux.

Marchés boursiers

Les marchés boursiers mondiaux ont connu un excellent mois de janvier. Selon les investisseurs, la baisse progressive de l’inflation allait inciter les banques centrales à ralentir le rythme des hausses de taux. En conséquence, les analystes ont revu à la hausse leurs prévisions des multiples cours/bénéfices. En un seul mois, l’indice mondial MSCI de tous les pays a bondi de plus de 7 %. Les indices S&P 500 et S&P TSX ont respectivement gagné 6,2 % et 7,1 %. L’optimisme s’est aussi propagé dans les marchés émergents. Le marché boursier chinois, poussé par la levée des mesures anti-COVID, a bondi de près de 12 %.

Malgré cette vague d’optimisme, les investisseurs ont gardé la tête froide. En effet, ils doivent évaluer l’impact de plusieurs éléments nouveaux sur les bénéfices des entreprises. Parmi ceux-ci, citons la hausse des salaires et des différents intrants, la hausse des taux d’intérêt et le début d’une éventuelle récession.

C’est dans ce contexte que la reprise des marchés boursiers s’est essoufflée en février. Les anticipations de baisses de taux directeurs dont plusieurs rêvaient pour la fin de 2023 ont été

repoussées en 2024. L’appétit pour le risque a donc faibli et les marchés ont accusé une baisse. En février, les marchés émergents ont perdu tout ce qu’ils avaient gagné en janvier.

Le mois de mars a été marqué par une importante secousse dans le secteur bancaire. La faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank et de deux autres banques régionales a provoqué une certaine panique chez les investisseurs. Certains ont craint que la crise ne se propage dans l’ensemble des banques, comme ce fut le cas en 2008. Heureusement, les autorités politiques et monétaires ont réagi rapidement pour endiguer la crise.

À l’horizon

Durant le premier trimestre de 2023, les banques centrales ont généralement poursuivi le resserrement de leurs politiques monétaires. Bien que la Banque du Canada ait marqué une pause en mars, elle n’a pas pour autant sonné la fin définitive des hausses de taux.

À l’instar de la Banque du Canada, la Fed veut prendre la mesure des effets des hausses des 12 derniers mois avant de changer de cap. L’effet des hausses de taux prend plusieurs mois à se matérialiser. En mars, les difficultés connues par plusieurs banques régionales américaines ont démontré que certaines entreprises sont très sensibles aux répercussions des hausses de taux d’intérêt. Progressivement, on assistera à une augmentation du nombre d’entreprises en difficulté et à un ralentissement important de l’économie.

En cette fin de premier trimestre, le scénario de récession sévère nous apparaît donc comme le plus probable.

Au cours des 12 à 18 prochains mois, l’inflation des salaires, des services et des coûts de logement pourrait s’avérer plus tenace. Les perspectives d’inflation pourraient alors grimper davantage, ce qui inciterait les banques centrales à hausser les taux, sans se soucier des répercussions sur l’économie. La hausse des taux pourrait se poursuivre, même lorsque l’économie commencera à se détériorer ; s’en suivrait alors une récession sévère.

Un tel contexte serait particulièrement difficile pour les investissements dans les classes d’actif traditionnelles. Les difficultés des entreprises affecteraient particulièrement les actions. Les actions canadiennes et celles des pays émergents pourraient être moins pénalisées, grâce à l’environnement inflationniste. Les hausses de taux nuiront à la valeur des obligations, mais elles devraient accuser des reculs moins importants que les actions. Nous favorisons une augmentation du niveau de liquidité des portefeuilles afin de protéger le capital des baisses des marchés.

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