/  18 décembre 2006

REER 101 : quelques notions simples et payantes

À cette période-ci de l’année, le régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est l’objet de très nombreuses communi-cations de la part des institutions financières. La quasi-totalité multiplie les
messages insistant sur l’importance d’une planification financière rigoureuse afin de s’assurer d’une retraite confortable et sereine. Et elles ont raison, car outre l’épargne « forcée » à laquelle il oblige les personnes qui s’en prévalent, le REER est un outil financier dont l’utilité réside dans ses avantages fiscaux très intéressants.

En effet, en plus de profiter d’une déduction du revenu imposable établie en fonction des cotisations versées, toute personne détenant un REER tire avantage de revenus non imposés, et ce, tant et aussi longtemps qu’elle y conserve les sommes d’argent qu’elle y investit.

En ce qui concerne la déclaration de revenus de 2006, la date limite pour cotiser à un REER est le 1er mars 2007. Il est possible d’y verser 18 % des revenus admissibles de 2005, jusqu’à un maximum de 18 000 $, moins le facteur d’équivalence (FE) pour les personnes qui participent à un régime de pension agréé (RPA) ou à un régime de participation différé aux bénéfices (RPDB).

Cotiser tôt dans l’année, c’est avantageux !

Malheureusement, un trop grand nombre d’investisseurs attendent la date limite du 1er mars pour effectuer leur contribution annuelle. Pourtant, les spécialistes en finance ne cessent de répéter que plus nous investissons tôt, plus l’effet des rendements composés joue en notre faveur.

Le rendement, c’est important !

Attendre la date limite permise pour cotiser s’avère une décision coûteuse, car elle ne permet pas de profiter pleinement des rendements qui sont pourtant un élément très important à prendre en considération. Agir de la sorte, c’est privilégier les seules économies d’impôt au détriment des placements.

Le tableau ci-dessous permet d’évaluer la différence entre les revenus accumulés en raison de contributions annuelles de 19 000 $ (soit le maximum permis pour l’année d’imposition 2007)
effectuées en début d’année, et dont les rendements annuels sont respectivement de 6, 7 et 8 %.

 

Rendement
6 %
7 %
8 %
10
265 461 $
280 888 $
297 264 $
15
468 778 $
510 873 $
557 161 $
20
740 862 $
833 438 $
939 036 $
25
1 104 971 $
1 285 853 $
1 500 134 $
30
1 592 232 $
1 920 388 $
2 324 571 $
35
2 244 296 $
2 810 356 $
3 535 941 $

Attention aux honoraires de gestion !

Même si l’on décide à la toute dernière minute de cotiser à un REER, il faut impérativement prendre le temps de s’informer des honoraires de gestion, sans quoi l’on risque de se pénaliser d’autant plus sérieusement que la moindre différence est lourde de conséquences.

En effet, si l’on considère deux fonds communs de placement équilibrés similaires qui offrent des rendements comparables, on constate qu’une différence de 2 % quant aux frais  de gestion aura des répercussions  considérables sur les résultats à long terme. À partir des données de l’exemple susmentionné, si le premier fonds exige des frais de gestion de 1 %, et le second des frais de 3 %, l’actif accumulé après 35 ans totalisera 3,5 millions de dollars dans le premier fonds, comparativement à 2,2 millions $ dans le second, soit une différence de 58 % !

Cotiser immédiatement, demander la déduction ultérieurement

Beaucoup d’investisseurs l’ignorent, mais il est possible de cotiser, dès le début de l’année, à un REER pour l’année d’impo-sition en cours. Fixé à 19 000 $ pour 2007, le maximum permis sera de 20 000 $ en 2008, de 21 000 $ en 2009, et de 22 000 $ en 2010. Par la suite, ce plafond sera indexé annuellement.

Une personne qui prévoit déclarer un revenu moindre en 2007 (en raison, par exemple, d’un congé de maternité, d’un congé sabbatique, d’un retour aux études, etc.) aurait avantage à cotiser le maximum permis au REER, et ce, même si son taux d’imposition sera peu élevé. En effet, malgré sa cotisation en 2007, elle n’est pas tenue pour autant d’utiliser la déduction pour l’année d’imposition correspondante. En effet, elle pourrait faire fructifier ses investissements à l’abri de l’impôt immédiatement, puis utiliser la déduction quelques années plus tard, lorsque son taux marginal d’imposition sera vraisemblablement supérieur. Son retour d’impôt n’en serait alors que plus important.

Cette stratégie est surtout recommandée pour une personne qui commence à investir dans un REER, mais dont les revenus limités sont susceptibles d’augmenter de façon significative dans un proche avenir. C’est notamment le cas des étudiants ou des personnes qui bénéficient d’un congé parental.

Avant de reporter une déduction REER à une année ultérieure, il est fortement recommandé d’effectuer une simulation fiscale afin de bien évaluer toutes les répercussions de ce choix. Il ne faut pas se fier uniquement à son taux d’imposition marginal pour déterminer l’économie d’impôt inhérente à une cotisation à un REER. Il faut aussi tenir compte des nombreux crédits d’impôts et d’autres allégements fiscaux qui, à compter d’un certain seuil de revenu, sont restreints, voire carrément éliminés.

Utiliser pleinement ses droits de cotisation

Toute personne qui, depuis 1991, n’a pas versé dans son REER les cotisations maximales autorisées, doit savoir qu’elle peut ajouter à son REER une somme correspondant à ses droits de cotisation inutilisés. Cette somme est inscrite sur l’avis de cotisation émis par l’Agence du revenu du Canada.

Se constituer un « coussin », c’est très sage !

En terminant, rappelons qu’il est permis de cotiser jusqu’à 2 000 $ en sus des cotisations mentionnées précédemment, et ce, sans aucune pénalité. Bien qu’il ne soit pas déductible dans l’année, ce « coussin » produit des revenus à l’abri de l’impôt, tant et aussi longtemps que la somme investie demeure dans le REER. Quant à la cotisation, elle devra être déduite du revenu au cours d’une année ultérieure, au plus tard la dernière pour laquelle des droits de cotisation sont possibles.