Couple : quelle méthode de partage des dépenses vous convient?

« Quarante pour cents des couples ne discutent jamais d’argent », révèle Jacinthe Faucher, planificatrice financière, notaire et fiscaliste chez Fonds FMOQ. Apprendre à en parler régulièrement et le faire avec honnêteté est pourtant essentiel pour éviter d’accumuler des tensions.

La méthode du partage des dépenses

Il existe plus d’une manière de régler ses comptes (financiers) dans un couple et chacune a ses particularités. Jacinthe Faucher souligne que la méthode du partage des dépenses vient avec « un grand avantage, celui de conserver l’indépendance des partenaires ».

La méthode selon laquelle chaque conjoint assume 50 % des dépenses n’est pas recommandée, sauf dans les cas où leurs revenus sont à peu près égaux et qu’ils n’ont pas d’enfants. « Adopter la méthode de partage des dépenses en proportion de vos revenus respectifs, par exemple 40 % et 60 %, permet de faire une contribution plus équitable aux dépenses de la famille », explique-t-elle.

Une discussion avec votre partenaire vous aidera à déterminer quels coûts doivent être partagés. « En général, on parle de toutes les dépenses qui touchent la vie du couple, en se demandant toujours qui en bénéficie? Par exemple, si un des deux conjoints a une voiture électrique, il payera peut-être une plus grande proportion du coût de l’électricité », illustre Me Faucher.

Sur quels revenus baser le calcul du partage des dépenses?

Les proportions doivent être calculées sur la base du revenu net. Jacinthe Faucher souligne toutefois qu’il peut être difficile de déterminer tous les revenus à prendre en considération, comme une prime annuelle. Elle met en garde contre certains oublis qui pourraient survenir, notamment les cotisations à un REER ou un fonds de pension : « Il faut toujours prendre les revenus nets et y additionner les cotisations aux REER ou fonds de pension, qui en avaient été déduits ».

La mise en commun des revenus et des dépenses

Quand les écarts de revenus sont très grands entre conjoints, la méthode du partage des dépenses peut appauvrir le conjoint qui gagne le moins d’argent et qui tente de « suivre le rythme », parce que le coût de vie d’un couple est habituellement basé sur le revenu le plus élevé, selon Me Faucher.

Certains couples préfèrent tout mettre en commun. Il s’agit principalement de couples mariés, ensemble depuis longtemps et qui ont les mêmes priorités. La mise en commun est utile pour les couples dans lesquels un des conjoints travaille peu, voire pas du tout, et à qui l’autre peut verser une allocation. Le grand avantage de la mise en commun, selon Jacinthe Faucher, est sa gestion très simple.

La mise en commun vient toutefois avec un inconvénient. Elle demande une grande confiance entre les conjoints. Votre conjoint fait-il des dépenses raisonnables à vos yeux? Ou encore, ses commentaires critiques sur vos achats vous incitent-ils à en camoufler quelques-uns? Cette méthode peut donc donner lieu à des tensions dans le couple. « On n’oublie jamais d’où vient l’argent », dit Jacinthe Faucher. « Celui qui gagne le plus va faire valoir son point de vue plus facilement. »

Un partage des dépenses en évolution

On ne choisit pas une méthode de partage des dépenses une fois pour toutes. À l’image de votre vie de couple, votre méthode évoluera. Par exemple, pour un jeune couple dont les styles de vie sont différents, Mme Faucher recommande un partage des dépenses où les conjoints décident, pour chaque achat, s’il est commun ou non.

Lorsqu’un couple souhaite fonder une famille, la mise en commun peut être appropriée. Par contre, s’ils tiennent à leur autonomie, le partage des dépenses est une meilleure option. « L’arrivée d’un enfant devrait les amener à revoir la proportion de revenus que chacun verse au compte commun, en faisant attention de préserver une capacité d’épargne pour chacun », explique-t-elle.

Suite à une séparation et à la rencontre d’un nouveau partenaire, le partage des dépenses peut se compliquer, « surtout si un des conjoints a plusieurs enfants et l’autre non », précise Jacinthe Faucher. « Celui qui a des enfants pourrait assumer une plus grande part d’épicerie, par exemple. S’il emménage dans la maison de l’autre et lui verse un loyer, ils devraient aussi faire attention de préserver sa capacité d’épargne, pour assurer une croissance du patrimoine des deux personnes. »

Comment parler d’argent en couple?

Une réflexion sur le partage des dépenses s’impose dès qu’un événement majeur survient, comme un retour aux études ou un héritage. « Ne pas parler d’argent est un grand piège à éviter dans un couple, tout comme mentir pour camoufler une situation financière gênante. On peut amorcer une conversation sur l’argent en posant des questions », suggère Jacinthe Faucher. Si les discussions avec votre conjoint achoppent, n’hésitez pas à consulter des professionnels pour vous accompagner.

Pour toute question qui nécessite un examen minutieux de vos finances, nos planificateurs peuvent vous aider.