L’inflation et le rendement des obligations
Les récents et spectaculaires soubresauts enregistrés par les marchés boursiers, de même que l’incertitude grandissante entourant les perspectives mondiales relatives à la croissance économique, poussent certains investisseurs à revoir leurs stratégies de placement et à s’intéresser davantage aux produits d’investissement moins risqués, comme les obligations ou les fonds obligataires.
Ce réflexe cyclique est bien humain. En effet, lors des périodes de turbulences boursières, certains épargnants ou investisseurs préfèrent s’en remettre aux vertus des véhicules de placement censés assurer la protection intégrale des actifs investis, tout en garantissant des revenus d’intérêt prédéterminés, ce que permettent les obligations ou les fonds obligataires.
Un exemple : lorsque vous achetez une obligation de 100 $ assortie d’un taux d’intérêt annuel de 2 %, sous réserve de l’absence de variations dans les taux d’intérêt du marché1 , vous devriez pouvoir récupérer, 12 mois plus tard, votre mise de fonds initiale en plus du rendement du taux d’intérêt de 2 %, soit un total de 102 $.
Un écart favorable aux obligationsHistoriquement, les obligations ont généré des rendements supérieurs aux taux d’inflation. Comme l’indiquent les données ci-dessous, depuis 1980 en moyenne, le rendement à échéance d’une obligation canadienne de 5 ans a dépassé de 3 % le taux d’inflation. |
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Année | Inflation | Taux 5 ans |
1980 | 12,2 % | 12,5 % |
1981 | 11,3 % | 15,2 % |
1982 | 8,2 % | 10,4 % |
1983 | 5,5 % | 11,0 % |
1984 | 3,5 % | 10,9 % |
1985 | 4,4 % | 9,2 % |
1986 | 4,0 % | 8,6 % |
1987 | 4,0 % | 9,8 % |
1988 | 4,3 % | 10,3 % |
1989 | 5,5 % | 9,8 % |
1990 | 6,9 % | 10,3 % |
1991 | 1,6 % | 7,9 % |
1992 | 2,0 % | 7,3 % |
1993 | 1,3 % | 5,7 % |
1994 | 0,6 % | 9,0 % |
1995 | 1,6 % | 6,6 % |
1996 | 2,2 % | 5,4 % |
1997 | 1,1 % | 5,3 % |
1998 | 0,7 % | 4,8 % |
1999 | 2,2 % | 6,1 % |
2000 | 3,0 % | 5,3 % |
2001 | 1,4 % | 4,7 % |
2002 | 4,5 % | 4,1 % |
2003 | 1,3 % | 3,9 % |
2004 | 1,9 % | 3,7 % |
2005 | 2,8 % | 3,9 % |
2006 | 1,1 % | 4,0 % |
2007 | 2,2 % | 4,0 % |
2008 | 1,1 % | 1,7 % |
2009 | 1,9 % | 2,7 % |
2010 | 2,3 % | 2,5 % |
2011 | 2,5 % | 1,3 % |
2012 | 0,5 % | 1,4 % |
2013 | 1,2 % | 1,9 % |
2014 | 1,5 % | 1,3 % |
2015 | 1,3 % | 0,8 % |
À l’échéance de ce terme de 12 mois, votre rendement nominal aura donc été de 2 $. Il s’agit toutefois d’un rendement sur papier (ou d’un rendement théorique), car il faut tenir compte, à l’échéance de 12 mois de votre obligation, des effets de la progression de l’inflation sur ce rendement au cours de la même période ; c’est ce qu’on appelle le calcul du rendement réel.
Si l’inflation progresse à un rythme de 1 % durant le terme d’un an de votre obligation portant un taux d’intérêt de 2 %, votre rendement réel sera de 1 %. Ceci signifie que le pouvoir d’achat de 100 $ permis par la somme investie sera de 101 $, une fois l’inflation prise en compte.
En revanche, si l’inflation progresse à un rythme de 3 % durant l’année, votre rendement réel sera de -1 %. C’est donc dire que le pouvoir d’achat de votre placement de 100 $ ne sera plus que de 99 $, compte tenu de l’inflation.
En achetant ces titres, on pouvait s’attendre à obtenir un rendement intéressant et à voir son pouvoir d’achat croître avec le temps. La situation est toutefois différente depuis quelques années. En effet, depuis la crise financière de 2008, il n’est pas rare de voir le rendement des obligations sous le niveau d’inflation. D’ailleurs, au 15 septembre 2015, le rendement à échéance d’une obligation canadienne de 5 ans était de 0,75 %, tandis que l’indice des prix à la consommation était de 1,3 %, pour un rendement réel négatif de -0,55 %.
C’est pour cette raison que nombre de gestionnaires de portefeuilles affirment que les obligations sont surévaluées depuis quelque temps déjà.
La Banque du Canada
La Banque du Canada rappelle que, depuis 1914, l’inflation a progressé à un taux annuel moyen de 3,09 % qui tient cependant compte des périodes de très forte inflation ayant caractérisé les 101 dernières années, siècle au cours duquel ont eu lieu les première et seconde guerres mondiales de même que le premier grand choc pétrolier des années 1970.
Depuis 20 ans toutefois, notre banque centrale suit une politique monétaire dont les cibles très strictes d’inflation ne doivent pas être dépassées. L’institution vise un taux annuel d’inflation qui doit de situer entre 1 % et 3 %. Dès que l’inflation menace de progresser au-delà du seuil de 3 %, la banque augmente les taux d’intérêt afin de ralentir la croissance et d’éviter une surchauffe de l’activité économique.
Cette politique monétaire fonctionne, car depuis deux décennies, le taux d’inflation annuel moyen a été contenu à 1,87 % et même ramené à 1,74 % au cours des 10 dernières années, décennie durant laquelle un taux d’inflation négatif a été enregistré une seule année.
Diversifier son portefeuille obligataire
Puisque les obligations gouvernementales peinent aujourd’hui à dépasser l’inflation, l’investisseur pourrait être tenté d’inclure, dans son portefeuille d’obligations, des titres de grandes compagnies, en l’occurrence des obligations de sociétés.
À l’instar des obligations gouvernementales, les obligations de grandes sociétés sont des titres d’emprunt relativement sûrs, car elles sont basées sur la capacité de rembourser des compagnies émettrices. De surcroît, les obligations de société donnent généralement un taux d’intérêt légèrement plus élevé que les obligations gouvernementales. Les investisseurs plus téméraires peuvent même se tourner vers des obligations à rendement élevé (ou obligations de pacotille), mais le risque de défaut de paiement sera alors accru.
En conséquence, pour l’investisseur qui cherche à allier la sécurité à la croissance du capital, il peut s’avérer avantageux de diversifier son panier d’obligations, en se rappelant toutefois que les meilleurs dosages sont ceux qui sont le moins explosifs. Il existe aussi – faut-il le préciser ? – des fonds obligataires qui effectuent ce travail de sélection au bénéfice de l’investisseur.
N’hésitez pas à consulter votre conseiller des Fonds FMOQ pour toute question relative à la répartition de votre portefeuille et, de façon particulière, sur la composition de la partie de celui-ci devant être investie en titres à revenu fixe.
1 Les obligations sont généralement émises pour des périodes de plusieurs années au terme desquelles vous devriez pouvoir récupérer leur valeur nominale. Au cours de ces années, la valeur marchande de vos obligations variera en fonction de l’évolution des taux d’intérêt courants. S’ils montent, cette valeur baissera, car les intérêts versés par rapport à l’investissement réalisé seront moindres que ceux des nouvelles obligations émises. À l’inverse, si les taux courants baissent, cette valeur augmentera, car les intérêts versés par rapport à l’investissement réalisé seront supérieurs à ceux des nouvelles obligations. De plus, étant donné que les taux courants varient constamment (sauf si l’on achète les obligations d’un émetteur la journée même de leur émission), il est rare que l’on paie exactement leur valeur nominale. Aux fins de l’illustration, on suppose dans ce cas-ci que l’obligation est achetée à sa valeur nominale (100 $), qu’elle est d’une durée d’une seule année et qu’elle est conservée jusqu’à son échéance.