/  17 décembre 2010

Les hausses des taux d’intérêt n’affectent pas tous les placements de manière identique

Comme vous le savez, les taux d’intérêt ont beaucoup baissé depuis quelques années. De fait, la tendance baissière remonte au début des années 1980 (voir graphique 1), alors que la plupart des gens devaient payer probablement un taux hypothécaire avoisinant les 15 %. À cette époque, il était également possible d’investir sans risque dans un certificat de placement garanti (CPG) portant intérêt au taux de 13 %.

Ce temps est révolu et bien que les taux d’intérêt soient encore à des niveaux historiquement bas, les économistes ne prévoient pas de hausse fulgurante au cours de la prochaine année. Les banques centrales ont baissé leurs taux directeurs jusqu’à 0 % pendant la crise financière de 2008 – 2009 afin d’insuffler un peu d’oxygène dans leurs économies respectives, mais la reprise économique en cours ne justifie pas encore le retrait complet de ces politiques monétaires stimulatrices. Toutefois, le moment s’avère particulièrement propice pour évaluer l’impact qu’auront les hausses de taux sur vos différents placements.

LES FONDS MONÉTAIRES

Les fonds monétaires rapportent actuellement environ 1,30 %, excluant les frais de gestion. Puisque ceux du Fonds monétaire FMOQ sont de 0,42 %, son rendement net avoisine 0,90 % par année. Ce taux suivra de très près les hausses qui seront décrétées par la Banque du Canada dans les prochains mois, voire dans les prochaines années. En conséquence, les hausses de taux seront favorables pour le Fonds monétaire FMOQ.

LES FONDS D’OBLIGATIONS

Contrairement aux fonds monétaires, les fonds d’obligations ont été les grands bénéficiaires des baisses de taux. Rappelons que le rendement d’un fonds d’obligations est basé sur deux (2) éléments : 1) le coupon (l’intérêt) de l’obligation et 2) l’appréciation de la valeur marchande de celle-ci, lorsque les taux d’intérêt sont à la baisse. La situation est problématique lorsque ces derniers sont à des niveaux planchers : 1) le coupon est alors très faible et 2) la valeur marchande de l’obligation baissera lorsque les taux commenceront à monter.

Puisqu’un fonds de ce type diversifie généralement les échéances de ses obligations (de 1 à 30 ans), ce ne sont pas tant les variations de taux à court terme de la Banque du Canada qui affecteront la valeur des obligations que 1) les expectatives des marchés à moyen et à long terme sur la croissance économique à venir et que 2) des pressions inflationnistes possibles au cours des prochaines années. Les gestes du gouverneur de la Banque du Canada, certes, mais surtout ses discours, auront tout de même un impact sur la courbe des taux.

Plus une obligation est à long terme, plus sa valeur est sensible aux variations des taux d’intérêt. L’indice qui sert de repère aux fonds d’obligations est le DEX Univers. Sa durée* moyenne est de six (6) ans. Sans trop entrer dans les détails, sachez que la durée d’une obligation ou la durée moyenne d’un fonds d’obligations nous permet de mesurer l’impact d’une variation de taux d’intérêt sur la valeur marchande de l’obligation ou du fonds. Pour un fonds dont la durée est de six (6) ans, comme le Fonds obligations canadiennes FMOQ, une hausse de taux de 0,5 % sur toutes les échéances se traduirait par une baisse du Fonds de 3 %, une hausse de 1 % par une baisse de 6 %, et ainsi de suite. Pour obtenir le rendement du Fonds, il faudrait y ajouter le coupon (environ 3,5 % présentement) et en soustraire les frais de gestion (1 %). Une hausse généralisée des taux de 1 % entraînerait donc un rendement de – 3,5 % (3,5 % – 6 % – 1 %). En conséquence, les hausses de taux seront défavorables à court terme pour ce Fonds. Nous parlons bel et bien de court terme, car après la période d’ajustement à la hausse des taux, les fonds d’obligations pourront générer des rendements plus élevés. Si les investisseurs ayant un horizon de placement à court terme doivent se méfier de ces fonds, la situation est beaucoup moins délicate pour ceux qui investissent à long terme, c’est-à-dire sur un horizon de plus de cinq (5) ans.

LES FONDS ÉQUILIBRÉS

Puisque les fonds équilibrés détiennent à la fois des actions, des obligations et des titres de marché monétaire, il faut creuser un peu pour connaître la vulnérabilité des ces fonds face aux hausses possibles de taux.

Le Fonds omnibus FMOQ

Ce Fonds est régulièrement rééquilibré afin de détenir 55 % d’actions et 45 % de titres à revenu fixe. Dans un environnement normal, ceux-ci sont composés de 3 % de marché monétaire et de 42 % de Fonds obligations canadiennes FMOQ. Suite aux baisses de taux et pour réduire l’impact d’une hausse de taux sur ce dernier, il détient plutôt actuellement 10 % de marché monétaire et 35 % de fonds d’obligations. Ainsi, le Fonds omnibus FMOQ est moins sensible aux variations de taux d’intérêt qu’en temps normal.

Le Fonds de placement FMOQ

La répartition d’actifs de ce Fonds varie en fonction des perspectives de ses gestionnaires. Sa proportion de titres à revenu fixe peut fluctuer de 25 à 45 %. Afin de se prémunir contre une hausse de taux, le gestionnaire peut aussi favoriser les titres de marché monétaire, et ce, au détriment des obligations. Actuellement, seulement 25 % du Fonds est en obligations et 5 % en titres de marché monétaire. Conséquemment, le Fonds de placement FMOQ sera très peu affecté par une hausse généralisée des taux et le gestionnaire aura la possibilité d’ajuster la répartition du Fonds pour profiter des occasions qui se présenteront.

Le Fonds revenu mensuel FMOQ

Dans un contexte de hausse de taux, ce Fonds pourrait être plus affecté que les deux autres Fonds diversifiés, car il investit dans des actions à dividende élevé, des actions privilégiées, des obligations ainsi que des titres de marché monétaire. La demande pour les actions à dividende élevé est forte lorsque les taux d’intérêt sont bas, mais il n’est pas exclu que ces titres subissent la « concurrence » de placements plus conservateurs tels que les CPG ou les obligations, si jamais leurs taux d’intérêt étaient bonifiés.

Pour tenir compte de ce contexte, le gestionnaire du Fonds revenu mensuel FMOQ sous-pondère actuellement ses investissements qui sont plus sensibles aux hausses de taux (en l’occurrence les obligations à long terme et les actions privilégiées) et surpondère les placements à court terme ainsi que les actions ordinaires versant un dividende susceptible de s’apprécier au cours des prochaines années. Ainsi, le Fonds revenu mensuel FMOQ serait affecté négativement advenant un ajustement abrupt des taux à la hausse, mais il se tirerait très bien d’affaire si les hausses de taux étaient graduelles et modérées.

CONCLUSION

Il vous faudra tenir compte de ces différents points lorsque vous procéderez à vos prochains investissements. Qu’ils soient effectués dans votre REER, dans votre CELI, ou tout simplement dans des placements non enregistrés, il est important de savoir que les hausses de taux n’affecteront pas tous les placements de la même façon. Il vous appartient d’en tirer parti lors de vos prochaines cotisations.

En terminant, nous vous invitons à jeter un coup d’œil au graphique 2 qui remonte jusqu’à 1935. Tout comme le graphique 1, il présente le rendement à l’échéance d’une série représentative d’obligations canadiennes de plus de 10 ans. Les taux ont beaucoup baissé depuis 1980, mais vous remarquerez que les taux obligataires ont déjà été plus bas. En effet, de 1935 à 1955, soit après la Grande Dépression de 1929, les taux se sont maintenus à des niveaux inférieurs à ceux qui prévalent actuellement. À bien y penser, étant donné la sévérité de la crise financière de 2008 et même si la Banque du Canada recommence à monter timidement son taux directeur, peut-être que les taux obligataires à moyen et long terme ne sont pas prêts à remonter de sitôt.

Comme d’habitude, n’hésitez pas à prendre contact avec votre conseiller afin d’approfondir cet important sujet.

*   La durée représente l’échéance moyenne des obligations en tenant compte des coupons qui seront perçus avant l’échéance.