/  15 avril 2009

Les actions et les valeurs à risque – notions de gestion de portefeuille – IV

Les facteurs à considérer dans le choix d’une ou de plusieurs approches

Dans cet article qui conclut la série, il sera question des facteurs sur lesquels on se base pour choisir une ou des approches en matière de gestion de portefeuille. Comme nous le verrons, les facteurs déterminant à cet égard sont a) le degré d’efficience des marchés, et b) la direction générale dans laquelle ils sont engagés.

Le degré d’efficience des marchés financiers

Les spécialistes de la finance débattent depuis déjà quelques décennies d’une hypothèse connue sous le nom de l’efficience des marchés et que l’on peut résumer ainsi : le prix des titres boursiers reflète déjà toute l’information disponible à leur sujet. Cela a donc amené les chercheurs à proposer trois variantes de l’hypothèse du marché efficient (HME) :

  • Un marché faiblement efficient en est un où les prix actuels reflètent toute l’information sur le fonctionnement antérieur du marché (historique des cours et des volumes de transaction).
  • Un marché semi-faiblement efficient en est un sur lequel les prix du marché reflètent toute l’information déjà publiée au sujet des titres et des entreprises qui les ont émis.
  • Un marché fortement efficient en est un où les prix reflètent toute l’information pertinente se rapportant aux entreprises, y incluant celle qui n’est normalement accessible qu’aux initiés (administrateurs, actionnaires importants).

Si l’HME s’avère fondée, quelles en sont les conséquences pour le choix de méthodes d’analyse des titres boursiers ?

  • Lorsqu’un marché est efficient à quelque degré que ce soit, on ne peut réaliser de façon consistante des gains en appliquant l’analyse technique, puisque celle-ci se limite à analyser le fonctionnement antérieur du marché;
  • Dans un marché faiblement efficient, l’analyse fondamentale peut être utilisée pour exploiter tant l’information déjà publiée que l’information à diffusion restreinte, telle celle à laquelle ont accès les initiés;
  • Dans un marché semi-faiblement efficient, l’analyse fondamentale de type descendant qui repose essentiellement sur l’information déjà publiée se révélerait de peu d’utilité, alors qu’une démarche ascendante visant à accéder à de l’information privilégiée rapporterait des dividendes si elle parvenait à ses fins;
  • Enfin, dans un marché fortement efficient, l’évolution des prix relève davantage du hasard (random walk), c’est-à-dire que tant l’analyste fondamental que le technicien ne verront pas leurs efforts couronnés de succès. Quelle approche peut-on alors adopter ? On visera à constituer des portefeuilles efficients qui reposeront sur la gestion optimale du rapport rendement/risque du portefeuille dans son ensemble.

Le tableau résume ce que nous pouvons déduire des conséquences de l’HME en ce qui concerne les choix en matière de gestion de portefeuille.

 

Efficience du marché Méthodes de gestion de portefeuille
Degré Signification Analyse technique Analyse fondamentale descendante Analyse fondamentale ascendante Gestion active Gestion passive Gestion du rapport rendement risque
Nul Le cours du marché ne prend en considération aucune information sur le titre X X X X X
Faible Le cours tient compte de toute l’information sur les transactions passées X X X X
Moyen Le cours tient compte de toutes l’information publique X X X X
Élevé Le cours tient compte de toute l’information existante X X
X signifie que cette méthode peut être utilisée pour ce degré d’efficience du marché

Enfin, les marchés nord-américains sont-ils efficients ? La plupart des études sur le sujet ont conclu que les marchés nord-américains ne sont pas parfaitement efficients. À la suite de l’implosion de la bulle technologique au printemps 2000 et de la crise de la gouvernance d’entreprise en 2001-2002 qui ont durement secoué les marchés nord-américains, on a dû remettre en question les idées reçues en ce qui a trait au très haut degré d’efficience de ces derniers comparativement à celui des marchés européens et asiatiques (surtout). Malgré ce difficile retour à la réalité, il y a des raisons de croire que les marchés financiers évoluent vers un plus grand degré d’efficience, et ce, pour les raisons suivantes :

  • bien que plusieurs événements aient révélé, ces dernières années, que les marchés n’étaient pas parfaitement efficients, ces situations ont été suivies de développements qui ont pour but d’assurer, à l’intention de tous les acteurs du marché, la diffusion la plus rapide possible de toute l’information pertinente;
  • La révolution dans les technologies de l’information a, au cours des récentes années, permis que l’information soit accessible à tous les acteurs concernés, au même moment, et ce, à un coût très abordable.

La direction dans laquelle les marchés sont engagés

Le plus souvent, les marchés financiers sont engagés dans une certaine tendance, à la hausse ou à la baisse. Ce type de situation est certainement celui où il est le plus facile de tirer son épingle du jeu. De façon plus épisodique, on reconnaît des marchés qui ne montrent pas de tendance décisive.

Les trois types de marchés
On peut distinguer trois types de marchés :

  • le marché haussier (bull market), soit un marché où les valeurs boursières affichent une tendance généralement à la hausse;
  • le marché baissier (bear market), soit l’inverse du premier;
  • le marché sans direction précise (trading range), dans lequel l’indice oscille à l’intérieur d’un intervalle fixe.

Si on considère l’évolution de l’indice Nikkei 225 de la Bourse de Tokyo (Voir figure 1), on peut observer une période de marché haussier de 1984 jusqu’à 1990. Cette période a vu l’indice passer de 10 000 à 40 000. Elle a été suivie d’un marché baissier de 1990 à 1992. Un autre marché baissier a prévalu de 2000 à 2003, suivi d’un marché à la hausse de 2003 à 2007. Ce graphique illustre également une longue période, de 1992 à 2000, où l’indice a évolué, sans maintenir une direction précise de façon soutenue.

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Figure 1

Lorsque le marché est engagé dans une tendance à la hausse soutenue, la gestion passive donnera des rendements intéressants pour l’investisseur, si le portefeuille est principalement composé d’actions.
Dans le cas d’un marché baissier, la même stratégie peut être appliquée, mais avec une différence importante : le portefeuille devra être composé d’obligations, puisque les marchés baissiers s’accompagnent généralement de taux d’intérêt à la baisse, ce qui fait monter le prix des obligations.
Par contre, la gestion passive donnera des résultats décevants dans les marchés qui n’ont pas de direction précise. La sélection rigoureuse des titres et les ajustements fréquents au portefeuille seront alors de mise pour dégager des rendements intéressants en capitalisant sur les mouvements à court terme des marchés.

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