/  13 juin 2017

Démystifier les indices boursiers

Considérés comme les «baromètres des marchés», les indices boursiers sont des outils très prisés des investisseurs et des analystes. Lumière sur ces phares de l’industrie financière.

«Wall Street a terminé en hausse lundi : le Nasdaq a battu un nouveau record en grimpant de 0,45 % et le Dow Jones a avancé de 0,07 % au cours de la séance…» Si vous écoutez les nouvelles ou si vous lisez les journaux, ce genre de commentaire vous est certainement familier. Savez-vous pour autant ce que ces informations révèlent ? Les quelques éléments qui suivent vous permettront de mieux comprendre de quoi il s’agit.

Qu’est-ce qu’un indice boursier ?

Très simplement, disons que c’est un indicateur de la santé d’un marché. Plus spécifiquement, c’est un outil statistique qui mesure le rendement d’un groupe de titres (notamment des actions et des obligations) grâce à un échantillon représentatif de ce groupe.

Par exemple, disons qu’on s’intéresse au marché de l’énergie aux États-Unis. Sans indice, il faudrait, pour connaître la tendance de ce marché, obtenir les données de toutes les entreprises visées (dont on calculerait ensuite une moyenne, pondérée ou non) entre deux dates. L’exercice serait inutilement lourd et complexe. Or, à l’aide d’un indice, on mesure le rendement d’une portion de ce marché, en supposant que le reste est à l’avenant; on peut ainsi savoir si le marché est en baisse, en hausse, en forte baisse ou en forte hausse, et on peut prendre des décisions en conséquence. Voilà, en gros, ce qu’est et à quoi sert un indice.

Comment est composé un indice ?

Chaque indice est conçu en fonction de ce qu’il doit représenter : les entreprises d’un pays? d’une industrie? d’un sous-secteur? Les principaux critères de base utilisés sont :

  • la zone géographique : un ou plusieurs pays, une région du monde, le monde.
  • le secteur d’activité : matières premières, énergie, santé, télécommunications, etc. On parle alors d’un indice sectoriel.
  • le type de capitalisation : petite, moyenne, grande capitalisation.

Toutes les déclinaisons de ces facteurs ainsi que les innombrables combinaisons qui peuvent en découler sont possibles. C’est dire qu’il existe des milliers d’indices boursiers.

Pour que l’échantillon soit le plus représentatif possible, les titres sont généralement pondérés selon la capitalisation boursière (la valeur marchande) des entreprises qu’ils représentent. Ainsi, on donne aux titres le même poids dans l’indice que celui qu’ont les entreprises dans leur marché.

Durant la période visée, les actions qui composent l’indice varient à la hausse ou à la baisse. La moyenne pondérée de cette activité reflète, en principe, la direction du marché ciblé durant cette période.

Quelques stars

Parmi les innombrables indices boursiers offerts, quelques-uns font la manchette tous les jours. Qui sont ces vedettes de l’actualité?

Le doyen : le Dow Jones

Inauguré en 1896, soit il y a 121 ans, le célèbre Dow Jones Industrial Average, communément appelé Dow Jones, est le plus vieil indice boursier au monde. À l’origine, il était composé de seulement 12 entreprises américaines, essentiellement dans le secteur industriel. Depuis 1928, il contient 30 titres de la Bourse de New York, au nombre desquels on compte aujourd’hui Visa, Wal-Mart, McDonald’s, Pfizer, Home Depot et Disney.

Il est intéressant de noter que la compagnie General Electric y est représentée en continu depuis la création de l’indice, à l’exception de deux années : 1898 et 1907.

Avec le Nikkei 225 (la Bourse de Tokyo), le Dow Jones est l’un des seuls indices boursiers dont la pondération repose uniquement sur la valeur de ses actions. En somme, plus une action vaut cher, plus elle a du poids dans l’indice; on ne tient pas compte de la capitalisation boursière, c’est-à-dire de l’importance de la compagnie émettrice. Cette méthode de calcul archaïque, combinée à son maigre échantillon de titres, explique qu’on préfère désormais au Dow Jones le S&P 500 comme référence de la bourse américaine. Ceci dit, la comparaison de ces deux indices montre qu’ils ont des comportements étonnamment semblables.

Le Dow Jones reste d’ailleurs cher au cœur des investisseurs, en partie en raison de sa longévité, qui permet de suivre l’évolution de la bourse américaine sur 12 décennies.

Son rival : le S&P 500

Le plus grand rival du Dow Jones est le S&P 500, fondé en 1957 par la grande société de notation financière Standard & Poor’s, qui l’administre toujours. Comme son nom l’indique, l’indice S&P 500 contient les actions de 500 grandes entreprises cotées sur les bourses américaines. Une curiosité : certaines sociétés ayant scindé leurs actions en diverses catégories (dont Google en avril 2014), l’indice compte à ce jour plus de titres (505 à l’heure actuelle) que d’entreprises.

Cette vaste sélection, représentative des 10 principaux secteurs économiques des États-Unis, ainsi que sa pondération en fonction de la capitalisation boursière lui valent la confiance des gestionnaires de portefeuilles, qui le considèrent comme le baromètre officiel de la bourse américaine.

Le techno : le Nasdaq 100

Le marché Nasdaq (acronyme de National Association of Securities Dealers Automated Quotations) est le plus grand marché électronique d’actions au monde. Il regroupe des entreprises issues principalement du secteur technologique, dont les incontournables Amazon, Apple, Microsoft et Facebook. Il s’agit du deuxième plus important marché d’actions aux États-Unis, en volume traité, derrière la Bourse de New York.

Plusieurs indices en calculent la performance. L’un des plus populaires est le Nasdaq 100, qui regroupe les actions des 100 plus grandes compagnies non financières du marché Nasdaq.

L’étoile canadienne : le S&P/TSX

De ce côté-ci de la frontière, c’est l’indice de mesure principal de la performance de la Bourse de Toronto, la plus importante au pays, qui attire le plus les regards. Il est considéré comme l’indice repère pour le marché des actions canadiennes.

C’est d’abord l’indice boursier TSE 300, lancé le 1er janvier 1977, qui a joué ce rôle. Il était constitué d’un nombre fixe de 300 titres et couvrait 14 secteurs.

Vingt-cinq ans plus tard, en 2002, le TSE 300 a été remplacé par l’indice composé S&P/TSX. Les lettres S&P font référence à la compagnie qui gère l’index, Standard & Poor’s. Quant aux lettres TSX, elles désignaient le Groupe TSX Inc., qui s’était porté acquéreur de la Bourse de Toronto (connue en anglais comme la Toronto Stock Exchange [TSX]), et devenu depuis Groupe TMX.

L’indice composé S&P/TSX contient les titres de 251 entreprises, dont les 10 principales représentent environ 39 % de l’ensemble.

Un riche éventail

Ce ne sont là que quelques-uns des indices les plus connus qui permettent d’analyser les marchés boursiers. Nous aurions pu aussi mentionner une foule d’autres grosses pointures, telles que le MSCI EAEO, qui mesure la performance des marchés développés de l’Europe, de l’Australie et de l’Extrême-Orient (EAEO), ou encore le MSCI monde, qui évalue les rendements boursiers mondiaux des marchés développés (EAEO, États-Unis et Canada).

Bref, la variété des indices disponibles, qu’ils soient globaux ou spécifiques, est infinie. Ils sont à la portée de quiconque recherche des indications sur les fluctuations des marchés boursiers. On doit toutefois faire preuve de discernement, car, comme tout outil d’analyse, chaque indice présente une information pertinente que l’investisseur doit mettre en perspective avant de prendre une décision financière.