/  31 mars 2016

Un renversement de tendance serait-il déjà amorcé?

L’année 2016 a bien mal débuté sur les marchés financiers. Certains risques, présents depuis déjà quelque temps, sont revenus hanter les investisseurs : le ralentissement de la croissance économique en Chine, la poursuite de la chute du prix du pétrole, de même que la crainte que la baisse des profits des entreprises américaines ne soit le présage d’une récession à venir. La confiance envers les politiques monétaires agressives des banques centrales semblait aussi s’effriter subitement.

Cette correction de début d’année, qui a même pris une allure de marché baissier (c’est-à-dire une baisse de plus de 20 %* par rapport au dernier sommet atteint), semble toutefois avoir mis la table pour un renversement de tendance qu’on ne devrait pas passer sous silence. En effet, les actions canadiennes, le dollar canadien, ainsi que le prix du pétrole et d’autres matières premières, étaient déjà malmenés depuis quelque temps. Les premières semaines de janvier 2016 n’ont fait qu’accentuer la contre-performance de ces marchés. Cependant, depuis le 20 janvier 2016, nous assistons à un retour assez impressionnant à l’avantage du marché canadien. En effet, le dollar canadien a rebondi de 0,68 $ à 0,77 $, tout comme le baril de pétrole dont le prix est remonté de 27 $ à 40 $. Le secteur des titres énergétiques ainsi que celui des matières premières ont grimpé de presque 30 % depuis leur creux du 20 janvier dernier, permettant du même coup à la Bourse canadienne de se hisser parmi les plus performantes jusqu’ici en 2016. Le graphique 1 illustre l’évolution de l’indice S&P/TSX, le principal indice de la Bourse canadienne. Les graphiques 2 et 3 permettent de saisir l’évolution de la Bourse canadienne en regard de celle de nos voisins du sud. Pour les interpréter, il faut savoir que lorsque la courbe est en hausse, la Bourse canadienne fait mieux que la Bourse américaine, et que lorsqu’elle est en baisse, la Bourse américaine performe mieux. Le graphique 2 permet de constater que notre Bourse a mieux fait que celle des États-Unis durant la période de 2002 à 2007. Durant la crise financière de 2008, le dollar américain a joué son rôle de devise refuge, ce qui explique la relative bonne tenue des actions américaines. Après un rebond de courte durée pour la Bourse canadienne, elle se fait déclasser systématiquement depuis 2011 en raison du repli du secteur des matières premières. Le graphique 3 se concentre sur la plus récente période de 2 ans. Bien que la Bourse canadienne ait cherché à rebondir à quelques reprises durant cette période, sa plus récente tentative, amorcée le 20 janvier 2016, s’avère nettement plus convaincante. Notre Bourse serait-elle maintenant sur une lancée ? Seul l’avenir nous le dira, mais de nombreux indicateurs nous incitent à le croire !

Le marché canadien était d’ailleurs tellement boudé des investisseurs qu’il est normal d’envisager un éventuel rebond. Aurions-nous touché le fond du baril ? Il est difficile d’en être certain, mais nous pouvons toutefois être réconfortés par plusieurs éléments. D’abord, le puissant dollar américain semble avoir plafonné et il a commencé à faiblir face à la majorité des devises, dont le dollar canadien. Ce constat est de bon augure pour un raffermissement soutenu du prix des matières premières et du baril de pétrole, étant donné que ces derniers sont libellés en dollars américains et qu’ils ont eu tendance à baisser avec la poussée haussière du dollar américain. Les investisseurs réalisent aussi qu’au bas prix actuel, l’offre excédentaire de pétrole finira par se résorber. Quelques facteurs confirment d’ailleurs qu’un rajustement de l’offre est déjà en cours : la production américaine liée au gaz de schiste est en baisse, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) discute sérieusement de la possibilité de cesser toute hausse de production, et la fin des sanctions contre l’Iran n’a pas eu l’impact redouté. Pendant ce temps, la demande de pétrole continue à croître. Alors que certains craignaient un ralentissement brutal de l’économie chinoise, on n’assiste jusqu’ici qu’à un ralentissement plutôt ordonné. Du côté des États-Unis, les risques d’une récession à court terme semblent grandement exagérés, la création d’emplois se poursuit allégrement et le consommateur américain se porte plutôt bien. Nous sommes d’opinion que les investisseurs doivent revoir rapidement la répartition de leurs portefeuilles afin de s’assurer qu’ils détiennent une proportion adéquate de leurs actifs dans les marchés boursiers canadiens. En terminant, sachez que les gestionnaires des Fonds FMOQ ont déjà ajusté le poids des actions canadiennes à travers les différents Fonds diversifiés, et ce, en fonction des politiques de placement propres à chacun.

Graphique relatif 1

INDICE S&P/TSX DU 1er JANVIER AU 31 MARS 2016

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Afin de démontrer la supériorité d’un marché boursier sur un autre, on peut utiliser un graphique relatif. Il faut d’abord choisir une date de départ pour laquelle on attribue une valeur de 100 pour chacun des indices choisis. Dans le graphique 2, on débute le 1er janvier 2000 pour la Bourse canadienne, représentée par l’indice S&P/TSX, ainsi que pour la Bourse américaine, représentée par l’indice S&P 500 en dollars canadiens. Sur le graphique, on représente le niveau de la Bourse canadienne divisé par le niveau de la Bourse américaine. Le 1er janvier 2000, le niveau est donc de 1, soit 100 divisé par 100. Par la suite, le graphique présente l’évolution des niveaux, l’un divisé par l’autre (Canada divisé par États-Unis). En conséquence, si l’indice canadien progresse plus fortement que l’indice américain, la courbe sera à la hausse; l’inverse se produira si la Bourse américaine performe mieux que la Bourse canadienne.

Graphique relatif 2

LA BOURSE CANADIENNE (S&P/TSX) COMPARÉE À LA BOURSE AMÉRICAINE (S&P 500 EN $CAN) DU 1er JANVIER 2000 AU 31 MARS 2016

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Graphique relatif 3

LA BOURSE CANADIENNE (S&P/TSX) COMPARÉE À LA BOURSE AMÉRICAINE (S&P 500 EN $CAN) DU 1er AVRIL 2014 AU 31 MARS 2016

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* Les principaux marchés boursiers ont tous chuté de plus de 20 % par rapport à leur dernier sommet, à l’exception du marché boursier américain qui a tout de même baissé de 14 %.
On définit généralement une correction par une baisse de 10 % des marchés alors qu’un marché baissier représente plutôt une baisse de 20 %.