/  19 juin 2004

L’impact d’une hausse des taux d’intérêt sur la valeur d’un fonds d’obligations

Avec la reprise économique au Canada et aux États-Unis, il est normal de voir le spectre de l’inflation pointer à l’horizon. Or, qui dit inflation, dit hausse des taux d’intérêt. En effet, la maîtrise de l’inflation constitue la pierre angulaire de la politique monétaire canadienne et, conséquemment, un des objectifs poursuivis par la Banque du Canada. Plus précisément, la Banque tente de maintenir l’inflation au taux visé de 2 %, soit le point médian de la fourchette cible de 1 à 3 %. Pour atteindre cet objectif, elle a un outil à sa disposition : l’ajustement des taux d’intérêt à court terme. Ces derniers ont évidemment une incidence sur les taux à moyen et à long termes qui, eux, sont dictés non pas par la Banque mais par les marchés financiers.

De nombreuses baisses de taux ont été nécessaires pour stimuler notre économie. Preuve en est la diminution significative du taux cible de la Banque du Canada qui est passé de 5,75 % en décembre 2000 à 2 % au printemps 2004. C’est pour cette raison que certains économistes prévoient des hausses de taux assez importantes en vue d’éliminer les stimulus d’une politique monétaire actuellement très expansionniste.

Lorsque les taux d’intérêt montent, les rendements exigés par les acheteurs d’obligations en font autant. Cette situation a pour corollaire une baisse du prix des obligations en circulation ainsi que de la valeur des fonds d’obligations. Doit-on dès lors s’attendre à un effondrement de ces derniers ?

La durée

Pour bien comprendre l’impact des hausses des taux d’intérêt sur la valeur des obligations, nous devons préalablement aborder la notion de « durée ». La durée d’une obligation n’est ni plus ni moins que son « échéance moyenne ». En pratique, elle tient compte de son échéance ainsi que des versements de coupons (intérêts) qui auront lieu avant de l’atteindre. Plus l’échéance d’une obligation est éloignée, plus sa durée est élevée. Et à échéances égales, c’est l’obligation ayant le plus faible coupon qui possède la durée la plus élevée.

La durée d’une obligation ou d’un fonds d’obligations est donc importante puisqu’elle permet de connaître sa sensibilité par rapport aux mouvements des taux d’intérêt. La durée d’un fonds d’obligations est égale à la moyenne des durées des obligations
qui le composent. Règle générale, elle est de 5 à 6 ans, ce qui correspond à la durée de l’indice de référence du marché obligataire canadien, le Scotia Univers.

L’impact d’une hausse

Pour calculer approximativement l’impact d’une hausse de taux sur la valeur d’un fonds d’obligations, il faut multiplier sa durée par la hausse de taux anticipée. Ainsi, si les taux augmentent de 1 % au cours des 12 prochains mois, la valeur des obligations qui composent le fonds devrait chuter de 5 à 6 % (durée du fonds x changement de taux ; 5-6 ans x 1 %). Compte tenu du fait que le fonds continuerait à recevoir des coupons de 4 %, il en résulterait un rendement négatif de 1,5 % (4 % – 5,5 %). Bien que plusieurs économistes soient d’avis que la Banque du Canada devra hausser ses taux de plus de 1 %, l’impact sur les échéances de moyen et de long termes ne devrait pas dépasser le pourcentage utilisé dans notre exemple (1 %).

Même si les taux d’intérêt affichaient une tendance haussière pendant plusieurs mois encore, il est important de noter que les marchés ont déjà anticipé une bonne partie de la remontée, comme en fait foi le graphique ci-dessous. C’est pourquoi les rendements des fonds d’obligations ont été négatifs au cours des derniers mois.

Peu importe les fluctuations à court terme, c’est le long terme qu’il faut regarder, c’est-à-dire la période durant laquelle un fonds devrait faire au moins la valeur de ses coupons.

En conclusion, que ce soit directement ou par le biais d’un fonds, détenir des obligations comporte certains risques, certes, mais demeure néanmoins une option qui mérite d’être considérée dans l’optique d’une saine diversification de son portefeuille.