/  16 février 2008

Les actions et les valeurs à risque – comment les choisir ? – I

Nous entreprenons ici une série de quatre articles consécutifs, sur les méthodes utilisées pour sélectionner les titres d’un portefeuille dit «à risque». Certaines sont d’ailleurs fort probablement déjà utilisées par les gestionnaires de vos fonds communs de placement. Bien que ces articles aient pour but de vous informer à titre d’investisseur, nous vous rappelons l’importance de faire appel aux services d’un conseiller financier qualifié avant de vous lancer seul dans la constitution d’un portefeuille d’actions.

Le premier article servira d’entrée en matière pour présenter les divers types d’actions. Le second traitera de la gestion active et de la gestion passive. Le troisième exposera l’analyse fondamentale et l’analyse technique. Enfin, le quatrième et dernier article décrira les approches ascendante et descendante. Bonne lecture !

Compte tenu de l’importance cruciale du facteur «risque» dans tout investissement ou placement, il est normal que l’investisseur s’en remette à une autre classification que celle reposant strictement sur des considérations juridiques (actions ordinaires, actions privilégiées, obligations, etc.). Nous vous proposerons ici une classification qui repose en bonne partie sur la relation entre le rendement et le risque, et qui est constituée de six types d’actions :

les actions de première qualité ou blue chips;
les actions à revenus;
les actions défensives et les actions anticycliques;
les actions cycliques;
les actions à croissance rapide;
les actions spéculatives.

Même si, de façon générale, on tentera de classer un titre dans la catégorie la plus appropriée, ce barème n’est pas tout à fait étanche, ce qui signifie que certains titres répondent à la fois aux caractéristiques de plusieurs catégories.

Les actions de première qualité ou blue chips

Les actions de première qualité, que les Anglo-Saxons désignent par l’expression blue chips, sont des actions de grandes entreprises, dotées d’un actif de plusieurs milliards de dollars. Ces entreprises connaissent depuis de nombreuses années une progression continue et constante quant aux ventes et aux profits. De plus, elles ont affiché dans le passé des versements de dividendes qui montrent une croissance régulière et qui ne laissent voir aucune interruption. Enfin, ces entreprises qui ont atteint le stade de la maturité occupent une position de force dans leur secteur d’industrie. Des compagnies comme IBM, Manuvie, la Banque Royale et McDonald’s sont des exemples.

Ce que recherche un investisseur en optant pour un titre de première qualité, ce n’est pas tant un gain en capital rapide qu’une très bonne sécurité de l’argent investi et un revenu de dividendes périodique qui augmentera au fil des ans.

Les actions à revenus

Les actions à revenus sont des actions ordinaires qui ne sont pas recher chées pour leur potentiel de gain en capital, mais pour le rendement élevé de leur dividende. Il n’est évidemment pas exclu que les prix de ces actions connaissent un mouvement à la hausse, ce qui se produit en fait lorsque les taux d’intérêt baissent, mais l’investisseur ne recherchera pas cette caractéristique en premier lieu. Le taux effectif que représente le dividende sur la valeur au marché d’une action à revenus évolue de façon constante en rela tion directe avec le niveau général des taux d’intérêt. Par exemple, en 1992, une action à revenus pouvait rapporter un dividende se situant entre 5 % et 8 % de la valeur au marché de l’action. En 2007, les actions à reve nus ont versé des dividendes dont les taux varient entre 3,5 % et 5 %. Essentiellement, le taux des dividendes a suivi la même tendance que le taux des obligations à long terme du gouvernement fédéral.

On doit, cependant, éviter de confondre l’action à revenus avec celle présen tant un risque plus élevé. En effet, lorsque le marché perçoit un risque plus important à investir dans un titre, le cours de ce dernier baissera, ce qui aura nécessairement pour effet de faire monter le taux de rendement du dividende.

Les actions ordinaires de Fortis, de Trans-Canada Pipelines et de la Banque Nationale du Canada sont des actions à revenus. On trouve dans cette catégorie les actions ordinaires des entreprises de services publics et les actions privilégiées d’entreprises ayant de bonnes assises financières.

Les actions défensives et les actions anticycliques

Les actions défensives sont des titres de sociétés dont la rentabilité est moins ou peu liée à la situation économique générale ou à la tendance générale de l’ensemble du marché boursier.

Plusieurs entreprises évoluant dans le secteur de l’alimentation, qu’elles aient des activités liées à la production ou à la distribution, bénéficient d’une certai ne protection contre les variations dans le degré d’activité économique à cause du caractère essentiel, c’est-à-dire difficilement compressible, des be soins qu’elles contribuent à satisfaire chez les consommateurs. Le secteur des services financiers cons titue un autre exemple de secteur où l’on trouve plusieurs entreprises qui parviennent à bien se maintenir en période de récession, souvent en adap tant en conséquence l’offre de services à la clientèle. À titre d’exemple d’actions défensives, mentionnons celles de la Banque Laurentienne, de l’Industrielle-Alliance et de Molson Coors.

Les actions anticycliques sont celles des entreprises dont les affaires sont plus florissantes en période de ralentissement économique qu’en temps normal. Cela pourrait être le cas, par exemple, d’une chaîne de distribution au détail de pièces d’automobiles. En période de récession, en effet, de nombreux consommateurs reportent l’achat d’une automobile neuve, ce qui augmente les possibilités pour la vente de pièces d’autos au consommateur final. Les actions d’Uni-Sélect et de Family Dollar Strores (NASDAQ) ont connu ces dernières années une évolution qui s’apparente à celle des actions anticycliques.

Les actions cycliques

Les actions cycliques sont des actions d’entreprises dont la performance fi nancière est très liée au climat économique qui prévaut. En fait, ces entreprises enregistrent des variations dans leurs chiffres d’affaires et dans leurs bénéfices beaucoup plus importantes que ce que l’on constate pour la moyenne des entreprises.

Les compagnies fabriquant des biens de consommation durables comme les automobiles et les gros appareils ménagers, sont particulièrement liées à l’évolution du cycle économique. En effet, lorsqu’un ralentissement éco nomique se pointe à l’horizon, les consommateurs auront tendance à repor ter l’achat de tels biens. Par contre, au moment de la reprise, cette réserve d’achats reportés peut avoir des répercussions très importantes sur le chiffre d’affai res des entreprises qui ont connu la disette. Il en va de même pour les fabricants de biens industriels, comme les secteurs de l’acier et de la machinerie lourde, dont les carnets de commande s’amincissent rapidement au fur et à mesure que les entreprises qui constituent leur clientèle sont touchées par un ralentissement économique.

À titre d’exemple d’actions cycliques, mentionnons celles de General Motors, d’AbitibiBowater, de Teck Cominco, de Nova Chemical et de Canadian Tire.

Les actions à croissance rapide

Les titres de croissance sont des actions ordinaires d’entreprises en pleine expansion.   Ces dernières ont connu au cours des récentes années un taux de croissance largement supérieur à celui de la moyenne des entreprises et des autres sociétés de leur secteur industriel. Il peut s’agir de compagnies à l’œuvre dans une industrie relativement récente ou encore qui ont réussi récemment une percée importante sur certains marchés en expansion. Il n’est pas rare que de telles entreprises enregistrent un taux de croissance annuel de leur béné fice supérieur à 25 %. Il arrive fréquemment qu’elles accélèrent encore davantage leur rythme d’expansion en procédant à l’acquisition d’autres entreprises du même secteur d’activité ou de secteurs connexes. L’évolution, ces dernières années, des actions de compagnies telles que Alimentation Couche-Tard, Cameco et Research in Motion illustre bien cette catégorie d’actions.

Les actions spéculatives

Les titres spéculatifs sont souvent associés aux valeurs à quelques sous, ou penny stocks, selon l’expression imagée des Anglo-Saxons. Ces dernières sont des actions dont le prix est inférieur à 1$. Un titre spéculatif repré sente généralement une action d’une entreprise qui commence ses activités dans un secteur très risqué ou dont les produits n’ont pas encore passé avec succès le test du marché, comme des produits dits avant-gardistes ou révolu tionnaires qui tentent de s’imposer. Les jeunes entreprises d’exploration minière ou pétrolière sont réputées pour émettre des titres spéculatifs, de même que les petites entreprises des secteurs de la haute technologie.

Il faut aussi inclure dans la catégorie des actions spéculatives les actions de compagnies déjà à l’oeuvre depuis plusieurs années sur des marchés plus stables, mais qui traversent néanmoins une période de difficultés financiè res dont l’issue est incertaine. Le titre spéculatif attire l’investisseur prêt à courir de grands risques pour bénéficier de gains en capital rapides.