/  16 avril 2008

L’analyse fondamentale et l’analyse technique

Nous poursuivons, dans cet article, la présentation des méthodes de sélection de valeurs à risque amorcée dans le précédent article. Nous y établirons la distinction entre les 2 approches préférées des gestionnaires de portefeuille : l’analyse fondamentale et l’analyse technique.

L’analyse fondamentale

Une première façon d’analyser les valeurs de placement consiste à scruter la situation financière des entreprises ou des projets concernés dans le but de pouvoir établir une prévision raisonnablement fiable de leurs perspectives de gains à court et à moyen terme. L’information de base pour un tel exercice se trouve dans le rapport annuel de l’entreprise que l’on peut se procurer facilement sur le site Internet de l’entreprise. Ce document comprend les états financiers récents de l’entreprise , qui renseignent de façon objective sur la rentabilité passée de l’entreprise. On y trouve également des commentaires émanant de la direction de l’entreprise, qui servent à évaluer la capacité de l’entreprise à maintenir ou d’améliorer sa rentabilité au cours des années à venir.

Le domaine d’application de l’analyse fondamentale ne se limite évidemment pas aux entreprises, mais englobe aussi l’économie dans son ensemble et les secteurs d’activités qui peuvent être définis de façon très large (par exemple, le secteur manufacturier) ou beaucoup plus restreinte (par exemple, l’industrie des accessoires de mode).

L’analyste fondamentale recourt fréquemment à la méthode des ratios. Cette dernière offre la possibilité d’évaluer la performance financière d’une entreprise sur la base des renseignements contenus dans les états financiers. On trouvera, au tableau 1, une liste de ratios classés selon les quatre aspects qu’ils permettent d’analyser :

  • la liquidité;
  • la structure du capital (ou l’endettement);
  • la gestion;
  • la rentabilité.




Lorsqu’il applique la méthode des ratios, le spécialiste de l’analyste fondamentale ne se limite pas à calculer les ratios d’une entreprise, mais il les compare aussi à ceux des principaux concurrents, ainsi qu’à ceux du secteur industriel dans son ensemble.

L’analyse technique

L’analyse technique propose une approche des marchés de valeur de placement reposant sur l’analyse du comportement des investisseurs plutôt que sur l’étude des perspectives de profits des entreprises. Les défenseurs de cette approche comparent fréquemment le mouvement du prix des valeurs de placement à celui des vagues d’une mer plus ou moins agitée. Ainsi, lorsqu’une valeur a connu une hausse importante au cours d’une brève période, le marché va généralement connaître un mouvement de repli à la baisse. L’inverse se produit également dans le cas d’une valeur qui a chuté de façon prononcée.

La méthode de la moyenne mobile (MA)

L’une des techniques les plus couramment utilisées est certes celle de la « moyenne mobile », qui permet de suivre une tendance, si elle existe, et de réagir rapidement lorsqu’elle change de direction. La méthode consiste à établir, sur une période de temps déterminée, des moyennes successives qui forment la courbe graphique à partir de laquelle l’analyste pourra tenter d’envisager ou de confirmer la tendance des prix.

Une moyenne mobile sert à aplanir la courbe du cours du titre, à réduire l’effet des forts mouvements à la hausse ou à la baisse. L’investisseur recherche alors une information sur la direction du cours d’une valeur de placement (tendance à la hausse ou à la baisse), une information qui n’accordera pas une importance trop grande aux fortes fluctuations passagères. En fait, plus la période de temps sur laquelle la moyenne mobile est calculée est étendue, plus la courbe est uniforme. En effet, en considérant un laps de temps plus grand, on diminue nécessairement les conséquences des fluctuations erratiques et on obtient une courbe aux formes beaucoup plus arrondies.

En revanche, une moyenne mobile est, par définition, toujours en retard par rapport à la courbe des prix, et ce retard sera d’autant plus grand que la période de temps choisie sera grande. Les utilisateurs de la méthode de la moyenne mobile ont souvent recours simultanément à la moyenne mobile de 50 jours, qui permet de déterminer une tendance à court terme, et à celle de 200 jours, qui permet d’évaluer une tendance à long terme.

Les observations qui suivent s’appuieront sur le graphique montrant l’évolution du prix de 3M Corp entre juillet 2006 et août 2007. On y voit la courbe montrant l’évolution du cours de l’action (fermeture), la moyenne mobile de 50 jours (MA50) et la moyenne mobile de 200 jours (MA200).

Nous pouvons d’abord constater que la moyenne mobile de 50 jours se situe généralement en bas de la courbe de prix en période de hausse et au-dessus de cette courbe lorsque la tendance est à la baisse. En comparant la courbe du prix et celles des moyennes mobiles pour 50 et 200 jours, il est possible de tirer les conclusions suivantes :

  • La tendance est à la hausse lorsque les deux moyennes mobiles se situent en bas de la courbe de prix et que ces deux courbes évoluent toutes deux dans la même direction. On constate une telle situation depuis mars 2007 sur le graphique de 3M Corp.
  • La tendance est à la baisse lorsque les moyennes mobiles se situent au-dessus de la courbe de prix et que ces deux courbes évoluent toutes deux dans la même direction. Un tel scénario peut être clairement observé de janvier à mars 2007 sur le graphique de 3M Corp.
  • La tendance teste une nouvelle direction lorsque la courbe de prix croise la ligne de moyenne mobile de 50 jours. Cette tendance se confirme lorsque la moyenne mobile de 200 jours est franchie. Sur le graphique de 3M Corp, nous constatons que le cours a franchi à la hausse la moyenne mobile de 50 jours au début de septembre 2006 et a traversé la moyenne mobile de 200 jours à la fin d’octobre 2006. Le titre s’est ensuite transigé à un niveau plus élevé en novembre et décembre 2006.

Vous voilà à maintenant plus familier avec ces importantes méthodes de sélection de titres que sont l’analyse fondamentale et l’analyse technique. Le quatrième article de cette série traitera d’un autre choix stratégique dans la sélection des valeurs constituant le portefeuille d’actions : le choix entre l’approche descendante et l’approche ascendante.