/  01 septembre 2012

La terre de nos aïeux riche en terres rares?

Loin de constituer une recommandation d’investissement dans les entreprises exploitant les terres rares, l’article que nous vous présentons a pour unique but d’informer les lecteurs sur de nouvelles ressources naturelles existantes sur le territoire québécois, qui pourraient constituer un enjeu important au cours des prochaines années.

Depuis plus de deux ans maintenant, nous entendons souvent parler de « terres rares », un groupe de dix-sept minéraux essentiels à la fabrication d’équipements de haute technologie. La Chine contrôle 97 % de la production de terres rares, mais elle a réduit, depuis six ans, ses exportations de ces minéraux stratégiques, forçant ainsi l’exploitation de nouveaux gisements partout dans le monde, dont ici au Québec où plusieurs projets d’exploitation de terres rares sont en cours.

Que ce soit pour les téléphones mobiles, les écrans plats, les turbines des éoliennes, certains équipements militaires sensibles ou les moteurs et les batteries des voitures électriques, les dix-sept éléments métalliques faisant partie des terres rares sont essentiels à la fabrication de ces équipements devenus indispensables.

Les terres rares regroupent quinze lanthanides, ainsi que le scandium et l’yttrium, des minéraux qui se trouvent tous dans l’écorce terrestre et qui sont souvent associés à des matières radioactives, telles que l’uranium ou le thorium.

Si la Chine est devenue aujourd’hui le principal et quasi unique producteur mondial de terres rares, c’est que ses gisements se situent dans des dépôts argileux à faible teneur en éléments radioactifs et que le raffinage de ces minéraux exige l’utilisation de produits chimiques possiblement toxiques non tolérés dans plusieurs pays. En fait, la Chine abrite 37 % des ressources mondiales de terres rares, suivie des pays de l’ex-URSS avec 19 %, des États-Unis avec 13 % et de l’Australie avec 6 %. Une dizaine de pays, dont l’Inde, le Brésil et le Canada, se partagent les 22 % des réserves mondiales restantes.

Jusque dans les années 40, l’Inde et le Brésil étaient les deux principaux producteurs. L’Australie et la Malaisie ont ensuite pris le relais dans les années 1950, suivies des États-Unis dans les années 1960 à 1980, avant que la Chine ne prenne la position de tête qu’elle occupe maintenant seule depuis nombre d’années.

Les faibles coûts de production et la réglementation environnementale beaucoup moins stricte en Chine ont permis à ce pays de devenir le plus important producteur mondial de terres rares.

Toutefois, voyant ses réserves diminuer d’année en année, le gouvernement chinois a décidé, en 2006, de réduire ses exportations. Ainsi, en 2011, la baisse de production a été telle que le prix des minéraux stratégiques a explosé pour atteindre jusqu’à huit fois les prix de 2010 en raison de la demande sans cesse grandissante des industries consommatrices de ces minéraux.

Il y a des terres stratégiques dans chaque nouveau téléphone intelligent, chaque tablette, chaque écouteur de musique et dans plusieurs jouets. On s’en sert aussi dans la bijouterie et dans l’éclairage à faible consommation. De son côté, l’alliage de néodyme, de terbium et de dysprosium présente des propriétés magnétiques essentielles à la fabrication des moteurs électriques et des turbines d’éoliennes. De plus, chaque moteur de Toyota Prius hybride contient un kilogramme de néodyme, et chacune de ses batteries utilise de dix à quinze kilogrammes de lanthane.

La multiplication des applications industrielles utilisant des terres rares ne peut donc supporter une baisse de l’offre chinoise. C’est pourquoi la plupart des pays qui disposent de réserves de ces minéraux stratégiques ont décidé d’exploiter certains de leurs gisements. Ainsi, aux États-Unis, on va remettre en exploitation, cette année, la mine californienne Moutain Pass, qui a été fermée en 2002 pour des raisons environnementales.

Cette forte activité minière à l’échelle mondiale a eu pour effet de ramener le prix des terres rares à des niveaux beaucoup moins importants qu’en 2011. Par conséquent, la valeur des minéraux stratégiques est aujourd’hui seulement deux fois plus élevée qu’en 2010, et on prévoit que l’entrée en exploitation de plusieurs nouveaux gisements la fera reculer encore davantage. Certains évoquent même l’éventualité d’un effondrement des prix.

Au Québec, le regain des activités de prospection minière observé depuis quelques années a permis de découvrir des gisements très riches en terres rares sur l’ensemble du territoire :

 –       L’entreprise minière Iamgold estime disposer du plus important gisement de  terres rares du monde à l’extérieur de la Chine. Ce dernier se trouve à Saint-Honoré, au nord de Chicoutimi, à quelques kilomètres de la mine de niobium qu’exploite Iamgold. D’ailleurs, selon la direction de la société minière, le gisement de Saint-Honoré recélerait 7,7 millions de tonnes du minerai stratégique;

 –       La société minière Commerce Ressources est présentement à la recherche d’un partenaire financier pour exploiter le gisement Ashram, situé à 130 km au sud de Kuujjuaq, qui a un potentiel de 4,7 millions de tonnes de terres noires;

 –       En Abitibi, la société Ressources Géoméga a trouvé un gisement de 250 millions de tonnes de terres rares au nord de Lebel-sur-Quévillon. La production de la mine pourrait commencer en 2015;

 –       La société Quest Rare Minerals souhaiterait démarrer l’exploitation d’une mine de terres rares en 2016, dans le nord du Québec, à la frontière du Labrador. On y a recensé un dépôt de 230 millions de tonnes, constitués à 41 % de terres rares lourdes, plus recherchées et plus coûteuses sur le marché;

–       Plus au sud, dans le Témiscamingue, la compagnie minière Matamec Explorations a découvert un dépôt de 19 tonnes, contenant 36 % de terres rares lourdes. Sa production pourrait commencer à la fin de 2015;

–       Enfin, la société Ditem Explorations est à réaliser ses premiers forages à La Romaine, sur la Basse-Côte-Nord. La teneur du gisement n’est pas encore déterminée.

En terminant, force est de constater que ce ne sont pas les projets qui manquent dans ce domaine et que s’ils remplissent tous leurs promesses, les terres rares seront de moins en moins rares au Québec.