/  18 février 2007

La Chine et l’Inde : deux économies émergentes, mais si différentes – I

(Premier de deux articles)

Depuis longtemps, on parle de l’intégration, dans l’échiquier mondial, de ces deux économies géantes de par leurs populations, mais si différentes de par leurs institutions, leurs infrastructures et leurs marchés financiers.

En raison de l’importance du sujet, l’intégration de ces deux pays dans les dynamiques commerciales et financières mondiales occupe une grande place dans les discussions des investisseurs, non seulement du fait de l’entrée de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et du boom technologique de la dernière décennie, mais également en raison de l’afflux de liquidités et de l’enthousiasme (peut-être même un peu euphorique) que suscitent les titres de ces pays.

Bien que la Chine affiche un rythme de croissance réelle moyenne de son économie de près de 10 % depuis une vingtaine d’années (rythme d’ailleurs plus rapide que celui de l’Inde au cours de la même période qui s’élève à 5 %), cette croissance n’équivaut pas nécessairement à un meilleur rendement sur le parquet de la Bourse.

Performance boursière

Les tableaux 1 et 2 illustrent en effet le rendement des Bourses de la Chine, de l’Inde et de l’ensemble des pays en voie de développement, cumulativement depuis 1992 et depuis le creux des marchés boursiers, en 2002.  Depuis 1992, la Chine a accumulé un retard important face à la plupart des pays émergents; depuis 2002, elle n’atteint que le rendement moyen de l’ensemble de ces pays, ce qui la positionne bien loin derrière la Bourse indienne.

Pourquoi cette différence entre les performances de l’économie et de la Bourse de ces pays?

Contribution économique — secteur agricole

Il faut d’abord garder en perspective que la Chine et l’Inde sont deux pays en voie de développement et que l’origine de leurs croissances économiques respectives est différente de celle des pays industrialisés.

Au cours du vingtième siècle, ces derniers ont vu leurs économies passer d’un fondement manufacturier à un fondement de services. Aujourd’hui, par exemple, plus de 65 % du PIB du Canada repose sur la prestation de services.  Cette transformation a réduit considérablement la volatilité du cycle économique, car l’accumulation et la liquidation d’inventaires et de main-d’œuvre accentuaient l’amplitude des récessions et des expansions.

De la même façon, une économie fondée davantage sur le secteur agricole est encore plus volatile qu’une économie manufacturière, mais surtout plus imprévisible, car elle dépend plus des aléas des conditions météorologiques et des récoltes.

Au cours des 15 dernières années (voir le tableau 3), la Chine a fait plus de progrès que l’Inde pour réduire la proportion de son économie fondée sur l’agriculture. Toutefois, l’Inde a toujours  préservé, depuis cette période, un avantage marqué,  en raison de la proportion de son produit intérieur provenant du secteur des services.

Par conséquent, l’économie chinoise est aujourd’hui très liée au cycle de la demande mondiale des biens manufacturés, étant donné que plus de 53 % de son PIB est lié au secteur de l’industrie; de son côté, l’économie de l’Inde est moins sensible à ce même cycle, mais plus dépendante de la température.

Dans le prochain texte, nous aborderons les contributions du secteur privé et des régimes politiques ainsi que les  composantes de la croissance économique de ces deux pays.