/  09 août 2008

Est-il possible d’obtenir une valeur ajoutée raisonnable en obligations ?

Lorsque l’on regarde la performance des gestionnaires canadiens en obligations, on s’aperçoit rapidement que la valeur ajoutée de la très grande majorité de ces derniers est relativement faible par rapport à l’indice obligataire canadien (DEX Univers). Il n’est pas surprenant dans un tel contexte que de nombreux investisseurs ont jeté la serviette au niveau de la gestion active et ont décidé d’adopter une gestion purement indicielle.

Le tableau suivant, tiré de l’enquête de fonds communs de Morneau Sobeco, illustre bien la faible valeur ajoutée en obligations au Canada. On peut y voir les rendements obtenus par les gestionnaires obligataires canadiens au niveau du 1er quartile (meilleurs 25% de l’échantillon), de la médiane (point milieu de l’échantillon) et 3e quartile (pires 25% de l’échantillon), sur des périodes de 1 an, 3 ans et 5 ans au 31 décembre 2007. On y présente également le rendement de l’indice.

 

Indice boursier 1 an 3 ans 5 ans
1er quartile 3,69% 4,93% 5,98%
Médiane 3,42% 4,70% 5,68%
3e quartile 2,60% 4,45% 5,49%
DEX Univers 3,68% 4,73% 5,60%


Comment peut-on obtenir une valeur ajoutée en demeurant au Canada ?

Quand on le compare à certains autres marchés (comme les États-Unis), le marché obligataire canadien est peu diversifié en termes de secteurs. Cet état de chose contribue au fait que la principale stratégie que la plupart des gestionnaires canadiens utilise pour tenter d’ajouter de la valeur relativement à l’indice est la gestion de la durée, suivie de la gestion de la courbe. Le problème est que ces stratégies, surtout la gestion de la durée, peuvent devenir risquées si elles sont appliquées de façon marquée. Une valeur ajoutée importante survient si le gestionnaire a raison, mais le prix à payer est élevé si celui-ci a tort.

Il est cependant possible d’aller chercher une valeur ajoutée par des stratégies autres que la gestion de la durée ou de la courbe au Canada. Une première stratégie serait de profiter de la prime résultant d’une moindre grande liquidité de certains secteurs, par exemple les obligations provinciales et municipales. En effet, la liquidité plus faible de ces secteurs devrait se traduire par un rendement plus élevé. Par conséquent, une allocation plus élevée à ces obligations relativement à l’indice devrait être bénéfique.

Une deuxième approche serait de surpondérer certains secteurs qui ont un risque plus élevé, mais qui ont le potentiel de procurer un rendement supérieur, comme les obligations corporatives. Cependant, dans ce cas, il faut absolument prendre en compte la tolérance au risque de l’investisseur, car les rendements pourraient être décevants au cours de certaines périodes.

Le graphique suivant, qui donne les rendements annualisés sur des périodes de 1 an, 3 ans, 5 ans et 10 ans au 31 décembre 2007 des principaux secteurs de l’indice DEX Univers, illustre le bien fondé des deux stratégies mentionnées précédemment. On peut y voir des rendements supérieurs à long terme pour les obligations provinciales, municipales et corporatives relativement aux obligations fédérales (Canada). Cependant, une surpondération de ces secteurs aurait procuré des rendements inférieurs en 2007.

Une autre stratégie à valeur ajoutée (qui pourrait être combinée aux précédentes) serait de maintenir un portefeuille obligataire semblable à l’indice en termes d’allocation sectorielle, mais de diminuer la qualité au niveau de certains secteurs. Par exemple, une surpondération d’environ 30% des obligations de qualité moyenne (cotées A) dans le secteur corporatif au détriment des obligations de plus grande qualité de ce secteur (cotées AAA/AA) aurait procuré un rendement additionnel moyen de 0,14% par année relativement à l’indice au cours des 5 dernières années.

Enfin, une dernière approche consisterait à allonger systématiquement le terme (et, par conséquent, la durée) de son portefeuille. C’est une stratégie qui devrait rapporter un rendement intéressant à long terme, mais qui comporte plus de risque que celles discutées jusqu’à maintenant. À titre d’exemple, une surpondération de 10% des obligations à moyen terme (5 à 10 ans) et des obligations à long terme (plus de 10 ans) relativement à l’indice aurait généré en moyenne 0,54% par année de plus que l’indice au cours des 5 dernières années. Cependant, cette stratégie aurait fait perdre 0,11% relativement à l’indice en 2007.

Quelles sont les autres stratégies à valeur ajoutée possibles ?

Pour les investisseurs qui sont prêts à considérer des stratégies moins conventionnelles, il est possible d’aller à l’étranger pour pallier à l’étroitesse du marché canadien. En voici quelques exemples :

  • Investir une partie de son portefeuille obligataire dans des secteurs à bon profil risque/rendement non présents ou peu représentés au Canada.
  • Allouer une partie de son portefeuille à des régions plus risquées, mais avec un très bon potentiel de rendement, comme les pays émergents. Certaines de ces obligations sont garanties par les gouvernements et émises en dollars américains.
  • Accepter de prendre un risque assez élevé et investir dans des obligations à haut rendement. Le marché canadien étant très limité dans ce secteur, il est préférable d’aller à l’étranger au niveau de cette stratégie.

Évidemment, il faut être prêt à accepter le risque de devises si l’on va à l’étranger ou trouver des façons de s’en prémunir lorsque cela est possible.

En conclusion…

Il devrait être possible d’obtenir une meilleure valeur ajoutée en obligations. En prenant des biais systématiques et calculés en termes de liquidité, de terme et de qualité relativement à l’indice canadien et en investissant une partie raisonnable de son portefeuille dans des obligations étrangères plus risquées (pays émergents, obligations à haut rendement), il est possible d’obtenir un portefeuille avec différentes sources de valeur ajoutée qui devrait procurer un profil risque/rendement intéressant.