/  18 mai 2007

Dans quel type d’actions investir ?

  1. Petite capitalisation
  2. Grande capitalisation
  3. Style valeur
  4. Style croissance
  5. Un peu de chacune
  6. Aucune de ces réponses

Les marchés boursiers sont composés de titres variés que l’on regroupe par caractéristiques principales pour analyser les facteurs les plus influents sur leur rendement.  Ainsi, il y a d’une part les titres dits de petite capitalisation (car la valeur de l’entreprise est plus petite) que l’on compare aux titres de grande capitalisation,  et d’autre part les titres de style valeur (dont l’entreprise est plus mature, les revenus et dividendes sont plus stables et dont les cours en bourse sont moins volatils) que l’on compare aux titres de style croissance.

Les experts recommandent de plus en plus d’investir dans les titres de petite capitalisation et dans ceux de style valeur.  Ces idées d’investissement gagnent en popularité du fait que ces titres affichent de meilleurs rendements que les titres comparables depuis plus de cinq années consécutives.

La figure 1 illustre le rendement relatif des titres de petite capitalisation, représentés par l’indice des titres américains S&P 600, relativement aux  5 000 titres les plus importants du marché américain, représentés par l’indice Wilshire 5000.  Lorsque la ligne du graphique est haussière, comme c’était le cas dans la période de 1999 à 2006, un investisseur obtient de meilleurs rendements en détenant des titres de petite capitalisation plutôt que de l’ensemble du marché boursier.

La figure 1 met d’abord en évidence que, depuis plus de 25 ans, les titres de petite capitalisation offrent essentiellement le même rendement que ceux e l’ensemble du marché boursier, bien que l’on retrouve des cycles à l’intérieur de cette longue période où les rendements diffèrent substantiellement.

Ensuite, on remarque que les titres de petite capitalisation devancent substantiellement leur contrepartie au cours des années qui suivent le creux des récessions.  Sur le graphique, la courbe est fortement haussière après 1980, 1990 et 2001.

La raison de l’excellente performance des titres de petite capitalisation durant ces périodes tient d’abord du fait que ce sont, par définition, des titres plus volatils, de compagnies moins matures, dont le plan d’affaires et les revenus reposent sur la commercialisation de biens et services moins diversifiés, dans des marchés plus restreints et dont le bilan est relativement plus faible.

Donc, lorsque la fin d’un cycle économique se transforme en récession, les titres de petite capitalisation sont les plus durement touchés.  Par conséquent, lorsque les banques centrales abaissent leurs taux d’intérêt de manière expansionniste pour relancer les économies, que la demande reprend et que les investisseurs reprennent goût au risque, les titres les plus sensibles à la relance économique sont ces mêmes titres de petite capitalisation.

Cependant, cinq années ont maintenant passé depuis la dernière récession et, suivant le succès de la relance économique mondiale, les banques centrales ont ajusté leur politique monétaire de vivement expansionniste à plutôt neutre.  Donc, pendant que le rythme de croissance économique mondial ralentit en s’ajustant à ces nouvelles conditions monétaires, que l’accès au capital devient plus onéreux et difficile pour les entreprises moins bien assises, ce sont les titres de grande capitalisation qui commencent à afficher des rendements relatifs supérieurs.

Les grandes entreprises sont comparativement moins sensibles au coût et à la réduction que la quantité de capital disponible, et leur plus grande diversification commerciale et étendue géographique leur permettent de mieux assurer la progression de leur chiffre d’affaires.

L’essentiel n’est donc pas de savoir si les titres de petite capitalisation constituent un meilleur ou un pire investissement que ceux de l’ensemble du marché boursier, mais plutôt de reconnaître que leur attrait dépend du prix que l’on paie pour les acheter. Et il semble que de nos jours, les titres de petite capitalisation sont à un extrême de valorisation par rapport à leur vis-à-vis depuis vingt-cinq ans. Ainsi, la probabilité d’afficher de meilleurs rendements au cours des deux ou trois prochaines années favorise les titres de grande capitalisation.

On observe aussi aujourd’hui d’ailleurs un extrême de valorisation entre les titres de style valeur par rapport à ceux de style croissance.

La figure 2 suggère de nouveau que sur les 25 dernières années, les investisseurs défensifs détenant des titres de style valeur et les investisseurs agressifs avec des titres de croissance, ont obtenu essentiellement le même rendement.

Durant la période de 1998 à 2000, les personnes et les entreprises ont accéléré l’adoption d’Internet dans leurs pratiques  commerciales, beaucoup d’investissements ont eu lieu en prévoyance du bogue de l’an 2000, mais surtout plusieurs disaient alors qu’il y avait un miracle de productivité, que l’on avait battu l’inflation et le caractère cyclique de l’économie.  Tous préféraient les titres de croissance et on peut clairement voir l’appréciation de ces titres par rapport à ceux de style valeur sur le graphique.

Depuis, il y a eu la récession américaine, l’éclatement de la bulle spéculative des titres de technologie, les scandales financiers, les attentats terroristes. Tous les événements ont fait croire à bien des économistes que les entreprises seraient bien hésitantes à créer de l’emploi et à investir, que la relance serait difficile à engendrer et qu’il y avait même un risque sérieux de baisse généralisée des prix à la consommation (déflation).

Dans un tel contexte, qui voudrait investir dans des entreprises qui réinvestissent leur précieux capital pour mettre au point de nouveaux produits ou marchés?  Les investisseurs étaient clairs : ils privilégiaient les sociétés qui retournaient de préférence leurs profits aux actionnaires sous forme de dividendes.

Les années 2001 à 2006 montrent ainsi le phénomène d’entraînement qui s’est instauré dans l’esprit des investisseurs.  On achète des titres de style valeur par prudence parce qu’ils sont moins volatils et parce qu’ils donnent de gros dividendes.  En principe, c’est raisonnable.  Mais quel est le prix que l’on paie pour les actions qui offrent ces caractéristiques?

La figure 2 nous montre que relativement aux titres de croissance, les titres de style valeur sont essentiellement à leur prix le plus cher depuis 25 ans.

En réalisant que le cycle économique est bien durable, qu’il n’y a pas de risque de récession imminent, que la santé financière des consommateurs, des entreprises et des gouvernements est saine, que les occasions d’augmenter la productivité par l’entremise d’acquisitions et de sous-traitance partout dans le monde sont abondantes, la probabilité d’avoir de meilleurs rendements au cours des deux ou trois prochaines années semble donc plus élevée avec les titres de style croissance.

En terminant, même si l’on entend aujourd’hui plusieurs observateurs recommander l’achat de titres de petite capitalisation et de titres de style valeur, nous croyons qu’il y a lieu d’être prudent à cet égard puisqu’il faut continuer de toujours prendre en compte d’autres facteurs comme sa tolérance au risque, son horizon de placement et l’ensemble de son portefeuille avant de faire un choix d’investissement.